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Turquie : le chef de file du parti prokurde visé par une enquête (parquet)


Jeudi 27 octobre 2016 à 19h13

Diyarbakir (Turquie), 27 oct 2016 (AFP) — Une enquête a été ouverte contre le chef du principal parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, après qu'il eut appelé à la mobilisation contre l'arrestation des deux maires de Diyarbakir dans un discours dans cette ville du sud-est turc, a annoncé le parquet.

"Une enquête pour +Incitation du peuple à désobéir aux lois, dénigrement public de l'Etat et des institutions judiciaires de la Turquie, insulte au président de la République et apologie du crime et de criminels+ a été ouverte contre le député du HDP Selahattin Demirtas en lien avec les discours prononcés aujourd'hui", a déclaré le parquet de Diyarbakir dans un communiqué.

Cette décision est survenue quelques heures après que M. Demirtas eut fait un discours pour réclamer la libération des deux maires de Diyarbakir, Gültan Kisanak et Firat Anli, placés en garde à vue mardi dans le cadre d'une enquête liée aux activités "terroristes" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Plusieurs municipalités du sud-est de la Turquie sont dirigées par deux maires, généralement une femme et un homme, dans un geste symbolique d'égalité.

"Le fait qu'ils n'aient pas encore ouvert d'enquête m'avait plongé dans une profonde anxiété, j'ai eu peur, pendant un moment, qu'il ne leur soit arrivé quelque chose", a ironisé sur Twitter M. Demirtas, coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP) et déjà visé par plusieurs procédures judiciaires.

Dans son discours à Diyarbakir, M. Demirtas a critiqué une justice "aux ordres du palais" et appelé à manifester pour soutenir les maires en garde à vue.

"Nous résisterons et nous lutterons jusqu'à ce que nos maires soient rétablis dans leurs fonctions", a-t-il lancé, "tous nos camarades qui le peuvent descendront dans les rues, dans les 81 provinces (que compte la Turquie). Nous ne reculerons pas".

Le parquet de Diyarbakir soupçonne Mme Kisanak et M. Anli d'avoir soutenu des appels à une plus grande autonomie kurde et d'avoir apporté un soutien logistique au PKK.

"Si vous en êtes capables, apportez la preuve qu'un seul centime de la mairie (de Diyarbakir) est allé (...) au PKK et nous démissionnerons", a mis au défi M. Demirtas.

Sans nommer le chef de l'Etat, M. Demirtas a également évoqué dans son discours un scandale de corruption ayant éclaboussé fin 2013 M. Erdogan et son entourage, et rappelé des accusations de livraisons d'armes par les services secrets turcs à des groupes islamistes en Syrie.

Le HDP est accusé par M. Erdogan d'être lié au PKK, une organisation considérée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

En mai, le Parlement turc a voté la levée de l'immunité des députés menacés de poursuites judiciaires, une mesure contestée visant notamment les élus du HDP.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.