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Turquie: le bâtonnier de Diyarbakir interpellé pour "propagande terroriste"


Mardi 20 octobre 2015 à 09h46

Istanbul, 20 oct 2015 (AFP) — Le bâtonnier de l'ordre des avocats de Diyarbakir, la "capitale" du sud-est à majorité kurde de la Turquie, a été arrêté mardi à l'aube et conduit à Istanbul où il doit répondre d'accusations de "propagande terroriste", a-t-on appris de source judiciaire.

Avocat connu et engagé de la cause kurde, Tahir Elçi est poursuivi pour un entretien accordé la semaine dernière à la chaîne d'information CNN Türk, dans lequel il avait affirmé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) "n'est pas une organisation terroriste", a-t-on précisé de même source.

Le bâtonnier était interrogé mardi par le parquet antiterroriste, qui devait ensuite statuer sur son inculpation et son éventuel placement en détention.

Dans le droit pénal turc, l'"apologie du terrorisme" est un crime puni d'emprisonnement.

"Le PKK est un mouvement politique qui a d'importantes revendications politiques et qui dispose d'un large soutien, même si certaines de ses actions sont de caractère terroriste", avait affirmé M. Elçi sur CNN Türk, provoquant l'indignation des autres invités.

Le PKK, qui mène depuis 1984 une rébellion contre l'Etat turc qui a fait au moins 40.000 morts, est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis, l'Union européenne et bon nombre de pays.

Le gouvernement islamo-conservateur turc, au pouvoir depuis treize ans, a engagé à l'automne 2012 des discussions de paix avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, mais ces pourparlers ont capoté à la veille des élections législatives du 7 juin.

Le cessez-le-feu fragile qui régnait depuis le printemps 2013 a volé en éclats en juillet dernier. Le PKK a repris sa campagne d'attentats meurtriers contre les forces de sécurité kurdes, qui ont répondu en multipliant les frappes aériennes contre les cibles rebelles, notamment ses bases arrière du nord de l'Irak.

Le PKK a annoncé le 10 octobre une trêve à la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, mais les affrontements se poursuivent dans le sud-est du pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.