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Turquie: l'UE risque une vague de réfugiés née du conflit kurde, avertit une élue


Mercredi 20 janvier 2016 à 13h23

Istanbul, 20 jan 2016 (AFP) — Une élue du principal parti prokurde de Turquie, Feleknas Uca, a averti mercredi l'Union européenne (UE) qu'elle pourrait connaître une vague de réfugiés kurdes si elle ne contraignait pas la Turquie à reprendre les pourparlers de paix avec la rébellion kurde.

"Si l'UE ne met pas la pression sur Ankara pour revenir à la table des négociations, alors très vite les Syriens ne seront plus les seuls à fuir et des centaines de milliers de Kurdes viendront eux aussi en Europe", a déclaré à l'AFP Mme Uca, députée du Parti démocratique des peuples (HDP) à Diyarbakir (sud-est).

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, de violents combats ont repris l'été dernier entre les forces de sécurité turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ces affrontements ont fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l'automne 2012 par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara avec les rebelles pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Depuis la mi-décembre, l'armée et la police ont lancé une grande offensive pour reprendre le contrôle de plusieurs villes du sud-est à majorité kurde du pays placées sous couvre-feu, où des partisans du PKK défient les autorités.

Ces opérations ont fait de nombreux morts dans les deux camps, ainsi que des dizaines de victimes civiles, femmes, enfants et vieillards.

"La deuxième armée (en nombre) de l'Otan combat à l'arme lourde dans les villes kurdes (...) les droits de l'Homme et la démocratie y sont bafoués", a déploré Mme Uca, qui détient la double nationalité turque et allemande.

"A cause de la question des réfugiés syriens, l'UE et l'Allemagne ferment les yeux sur les opérations des soldats et des policiers dans les villes kurdes", a-t-elle insisté.

Bruxelles et Ankara ont signé en novembre un accord pour tenter d'endiguer la vague sans précédent de migrants qui entrent sur le sol européen, notamment les réfugiés syriens qui entrent en Grèce via la Turquie, où ils sont plus de 2,2 millions.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.