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Turquie: Erdogan dit aux intellectuels qu'ils paieront le "prix" de leur pétition pour la paix


Mercredi 20 janvier 2016 à 15h08

Ankara, 20 jan 2016 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti mercredi les intellectuels qui ont signé une pétition dénonçant la violence des opérations de l'armée en cours dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie qu'ils paieraient le "prix" de leur "trahison".

"Alors vous croyez que vous allez pouvoir remettre en cause l'unité de cette nation et continuer à mener une vie confortable grâce au salaire que vous recevez de l'Etat sans en payer le prix ? Cette période est finie", a tonné M. Erdogan lors d'une discours prononcé devant des élus locaux à Ankara.

"Dans un Etat de droit comme la Turquie, des soi-disant intellectuels qui menacent l'unité de la nation n'ont pas le droit de commettre des crimes. Ils n'ont pas d'immunité", a poursuivi l'homme fort du pays.

Plus de 1.200 intellectuels turcs et étrangers ont signé la semaine dernière une "pétition" pour la paix dénonçant les "massacres" commis par les forces de sécurité turques lors d'opérations en cours contre les rebelles du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans plusieurs villes sous couvre-feu.

M. Erdogan a vivement réagi en les qualifiant de "traîtres" et de complicité avec les "terroristes" du PKK.

De nombreuses enquêtes judiciaires ont été lancées dans tout le pays et plusieurs universités ont engagé des procédures disciplinaires contre les pétitionnaires. Vendredi, une vingtaine d'entre eux ont été brièvement placés en garde à vue par la police.

Ces procédures ont suscité un tollé en Turquie et à l'étranger, où les détracteurs de M. Erdogan ont dénoncé une atteinte à la liberté d'expression.

Aucune nouvelle arrestation n'a été ordonnée depuis vendredi mais le chef de l'Etat a répété mercredi son "mépris" pour les signataires de la pétition qui "crachent leur haine sur les valeurs et l'histoire de ce pays".

"Vous pouvez taper tant que vous voulez: l'ère de la +vieille Turquie+, quand tout un pays était dirigé par une poignée de soi-disant intellectuels, est révolue", a-t-il tranché.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.