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Turquie: des internautes arrêtés pour "propagande" contre l'offensive en Syrie


Jeudi 10 octobre 2019 à 15h21

Istanbul, 10 oct 2019 (AFP) — Les autorités turques ont arrêté jeudi plus de 20 personnes accusées d'avoir fait de la "propagande terroriste" contre une offensive d'Ankara contre une milice kurde en Syrie, et ouvert une enquête contre des opposants qui critiquent cette offensive.

Selon l'agence de presse étatique Anadolu, 21 personnes soupçonnées d'avoir fait de "la propagande terroriste" et "incité à la haine" sur les réseaux sociaux ont été arrêtées à Mardin (sud-est).

En outre, le responsable du site Internet du journal d'opposition Birgün, Hakan Demir, a été interpellé dans la nuit en lien avec un article relayé la veille par le compte Twitter du quotidien qui faisait mention de civils touchés par des frappes turques.

M. Demir a été remis en liberté dans l'après-midi, mais les autorités ont confisqué son passeport.

Le bureau du procureur général d'Ankara a par ailleurs indiqué qu'une information judiciaire avait été ouverte contre les dirigeants du parti prokurde de Turquie (HDP), Sezai Temelli et Pervin Buldan, ainsi que d'autres membres de cette formation politique.

Ils sont eux aussi soupçonnés d'avoir fait de la "propagande terroriste" en dénigrant l'opération militaire que la Turquie a lancée mercredi dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Le HDP est le seul parti politique de premier plan à Ankara à s'être opposé à l'incursion turque en Syrie, plusieurs de ses responsables la qualifiant d'"invasion".

Lors d'un discours jeudi, M. Temelli a maintenu ses propos, appelant le gouvernement à "stopper immédiatement cette opération militaire unilatérale" qu'il a qualifiée d'"agression" et de "tentative d'occupation".

Ces critiques détonnent, dans un pays où responsables politiques et célébrités s'empressent de partager des messages à la gloire de l'armée lors de chaque opération militaire.

Les combattants kurdes des YPG ont été soutenus par les Occidentaux contre le groupe Etat islamique (EI), mais Ankara considère ce groupe comme une "organisation terroriste" qui menace sa sécurité.

Lors d'une précédente offensive contre les YPG l'an dernier, les autorités turques avaient arrêté plusieurs centaines de personnes accusées d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux.

Quelques heures à peine après le lancement de la nouvelle opération mercredi, la police turque avait annoncé avoir ouvert des enquêtes contre 78 internautes soupçonnés d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux.

Les ONG dénoncent régulièrement l'érosion de la liberté de la presse et de la liberté d'expression en Turquie sous Recep Tayyip Erdogan, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie d'une répression tous azimuts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.