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Turquie/conflit kurde: Le représentant de RSF et deux intellectuels risquent la prison


Lundi 20 juin 2016 à 14h18

Istanbul, 20 juin 2016 (AFP) — Le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, Erol Önderoglu, a déclaré lundi à l'AFP risquer un placement en détention provisoire avec deux autres intellectuels, pour avoir pris part à une campagne de solidarité avec la presse pro-kurde.

"Le procureur qui nous a entendus a réclamé que nous soyons inculpés et écroués pour propagande terroriste", en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement armé considéré comme terroriste par bon nombre de pays, a-t-il expliqué au téléphone depuis le palais de justice de la mégapole.

Erol Önderoglu est déféré avec deux confrères, Ahmet Nesin et Sebnem Korur Fincanci, deux intellectuels connus, devant un juge d'Istanbul, qui décidera des mesures de contrôle judiciaire applicables en attendant leur procès.

Ces trois militants de la cause kurde et des libertés en général avaient pris en mai dernier symboliquement à tour de rôle la direction du journal pro-kurde Özgür Gündem, dans le collimateur de la justice et des autorités turques depuis des années.

RSF a dénoncé dans un communiqué une démarche judiciaire "aberrante et profondément honteuse" vis-à-vis de son représentant, en poste depuis 1996.

"L'organisation réaffirme son soutien inconditionnel à son représentant et appelle à abandonner toutes les poursuites dans cette affaire", souligne le texte.

La Turquie occupe la 151è place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.

Le régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, est accusé de museler la presse indépendante en Turquie.

Le sud-est de la Turquie vit au rythme des combats quotidiens entre forces de sécurité turques et rebelles depuis la reprise l'été dernier des hostilités qui a sonné le glas de deux ans de pourparlers de paix entre Ankara et le PKK en vue de mettre un terme à une rébellion qui a fait 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.