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Turquie: après Ankara, Istanbul frappée par un attentat suicide qui fait au moins 4 morts


Samedi 19 mars 2016 à 23h56

Istanbul, 19 mars 2016 (AFP) — Un nouvel attentat suicide a tué au moins quatre touristes étrangers et fait une trentaine de blessés samedi dans une célèbre avenue touristique d'Istanbul, dernière d'une série sans précédent d'attaques meurtrières qui secoue la Turquie depuis l'été.

Six jours après un attentat revendiqué par un groupe kurde qui a tué 35 personnes à Ankara, un "kamikaze" s'est fait exploser en fin de matinée sur l'avenue Istiklal, une artère piétonne et commerçante, sur la rive européenne de la plus grande ville du pays, empruntée chaque jour par des centaines de milliers de personnes.

Selon le dernier bilan officiel turc, l'attentat a fait quatre morts, trois Israéliens et un Iranien, et 36 blessés, parmi lesquels d'autres Israéliens, deux Irlandais, un Islandais, un Iranien, un Allemand et un citoyen de Dubaï.

A Washington, la Maison Blanche a fait état de deux ressortissants américains tués, mais sans préciser s'il s'agissait de bi-nationaux ou si le bilan des morts s'était alourdi.

"C'est bien un attentat suicide, une attaque terroriste", a rapidement confirmé après l'explosion le gouverneur d'Istanbul Vasip Sahin.

L'attentat n'a fait l'objet d'aucune revendication immédiate. Mais selon la presse proche du gouvernement islamo-conservateur turc, l'auteur de l'attaque a été identifié comme Savas Yildiz, 33 ans, un Turc présenté comme un combattant du groupe Etat islamique (EI). Cette information n'a pas été confirmée de source officielle.

Sur des vidéos diffusées par les médias turcs et les réseaux sociaux, le kamikaze se dirige vers un petit groupe de personnes qui passe devant un bâtiment officiel.

"Il s'est fait exploser devant un groupe de personnes devant la sous-préfecture: deux cibles différentes possibles", a indiqué à l'AFP une source diplomatique occidentale. "Toutes les pistes sont ouvertes", kurde ou jihadiste, a-t-il ajouté.

- 'Une vraie boucherie' -

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a "maudit" les auteurs de l'attaque, sans pointer le doigt sur quiconque, et promis de "continuer à combattre toutes les formes de terrorisme".

L'explosion a provoqué un mouvement de panique sur l'avenue Istiklal.

"J'ai entendu une explosion (...) Quand je suis sorti, tout le monde courait dans tous les sens", a rapporté à l'AFP Mustafa, serveur dans un restaurant. "J'ai vu des gens partout par terre, (c'était) une vraie boucherie".

Bouclée une bonne partie de la journée, l'avenue a été rouverte en début de soirée aux passants et touristes, sous le choc. "On ne sait jamais où cela peut arriver", dit le cuisinier d'un restaurant, Ismaïl, "c'est terrifiant".

La Turquie vit en état d'alerte permanente depuis juin, après une série d'attentats meurtriers de plus en plus rapprochés.

Le dernier en date, dimanche, une attaque à la voiture piégée qui a visé un arrêt de bus en plein centre d'Ankara, a fait 35 tués. Le 17 février, une opération similaire avait déjà fait 29 morts dans la capitale turque.

Ces attentats ont été revendiqués par un groupe radical kurde proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), en représailles à la mort de civils pendant les opérations en cours de l'armée et la police contre la rébellion kurde dans le sud-est anatolien.

- 'Solidarité et soutien' -

Les TAK ont promis d'autres actions contre l'Etat turc.

De son côté, le PKK s'est désolidarisé samedi de toute opération contre les civils. "Nous présentons nos condoléances aux victimes de cette attaque", a déclaré l'Union des communautés du Kurdistan (KCK), qui chapeaute toute la mouvance rebelle kurde.

Le pays a en outre été la cible d'attaques attribuées aux jihadistes. En octobre, deux kamikazes avaient fait 103 morts à Ankara. Puis en janvier, un autre avait tué 12 touristes allemands en se faisant exploser près de la Mosquée bleue à Istanbul.

Dans ce climat, l'Allemagne, qui avait fermé jeudi son ambassade à Ankara et son consulat général à Istanbul, a recommandé samedi à ses ressortissants en Turquie de rester dans leurs hôtels.

Embarrassé par les critiques qui dénoncent les ratés de ses services de sécurité, le président Recep Tayyip Erdogan a réagi en relançant sa guerre contre les "complices" des "terroristes" kurdes. Plus de 320 personnes, avocats, élus, intellectuels ou simples partisans de la cause kurde ont été arrêtés depuis dimanche.

Vendredi, M. Erdogan a également accusé les Européens de complaisance envers la rébellion kurde. "Vous nourrissez une vipère en votre sein", leur a-t-il lancé.

Le département d'Etat américain a condamné l'attentat d'Istanbul, promettant la "solidarité" avec son allié turc. L'Union européenne a assuré Ankara de son "soutien" contre la "menace terroriste".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.