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Turquie: Amnesty dénonce la "punition collective" des couvre-feu dans le sud-est


Jeudi 21 janvier 2016 à 01h09

Istanbul, 21 jan 2016 (AFP) — Les couvre-feu imposés dans les villes du sud-est à majorité kurde de la Turquie constituent des "punitions collectives" pour leur population et l'armée y abuse "dangereusement" de la force, a dénoncé jeudi Amnesty International.

"Les opérations menées actuellement sous couvre-feu total mettent les vies de dizaines de milliers de personnes en danger et commencent à ressembler à des punitions collectives", a déploré le directeur de l'ONG pour l'Europe et l'Asie centrale, John Dalhuisen, dans un rapport.

Les forces de sécurité turques sont entrées en force le mois dernier dans les villes de Cizre et Silopi, ainsi que dans le district de Sur à Diyarbakir, pour en déloger des partisans armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui ont pris le contrôle de certains quartiers et y défient l'autorité du gouvernement.

Les combats à l'arme lourde qui s'y déroulent ont fait de nombreux morts dans les deux camps, ainsi que des dizaines de victimes civiles.

Selon des chiffres publiés plus tôt ce mois-ci par la Fondation de Turquie pour les droits de l'Homme (TIHV), 162 civils ont été tués depuis la reprise du conflit kurde en août, dont 29 femmes, 32 enfants et 24 personnes âgées de plus de 60 ans.,

Le couvre-feu a été partiellement levé mardi à Silopi après trente-six jours.

"Les opérations de la police et de l'armée dans ces secteurs sont caractérisées par un recours abusif à la force, notamment des tirs à l'arme lourde dans des quartiers résidentiels", juge Amnesty.

Sur la foi de témoignages, le rapport de l'ONG met également en cause les conditions de vie imposées aux populations sous couvre-feu.

"Il est impératif que les autorités turques assurent à leurs résidents l'accès à la nourriture et aux services essentiels", a souligné M. Dalhuisen.

Amnesty accuse enfin le gouvernement islamo-conservateur turc d'entraver le travail des observateurs indépendants dans la région, "soumis à des menaces, des enquêtes judiciaires et d'autres formes de harcèlement".

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui a promis "d'éradiquer" le PKK, a multiplié récemment les poursuites judiciaires contre les critiques de sa politique, qu'il accuse de "complicité" avec les "terroristes" rebelles.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.