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Turquie: 11 arrestations après des attaques contre deux quotidiens pro-gouvernementaux


Mardi 1 mars 2016 à 11h35

Istanbul, 1 mars 2016 (AFP) — Onze personnes ont été arrêtées mardi dans l'enquête sur les attaques perpétrées le 11 février contre les sièges à Istanbul de deux quotidiens proches du régime islamo-conservateur turc, a annoncé l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

Les suspects, arrêtés à Istanbul, appartiendraient aux Forces unies pour la liberté (BOG), une milice kurde syrienne, selon l'agence, qui cite des sources de sécurité et fait état de la saisie de documents et de matériel numérique.

Les BOG, notamment engagées contre les jihadistes du groupe Etat islamique, sont réputées proches du Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP), une formation interdite en Turquie, ainsi que du Parti de l'union démocratique (PYD, principale formation kurde en Syrie), considéré comme un groupe terroriste par Ankara.

Le 11 février, des individus encagoulés avaient lancé des cocktails Molotov puis ouvert le feu sur l'entrée du journal Yeni Safak, dans la partie européenne de la plus grande ville de Turquie. Peu de temps après, le siège du journal Yeni Akit, sur la rive asiatique de la mégapole stambouliote cette fois, avait été pris pour cible de la même manière.

Les deux attaques n'avaient fait aucun blessé et des dégâts matériels mineurs.

Elles avaient immédiatement été attribuées par les autorités aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit).

Très proches du pouvoir, Yeni Safak et Yeni Akit soutiennent fermement la campagne militaire lancée par Ankara en décembre 2015 contre plusieurs villes à majorité kurde du sud-est anatolien pour en déloger les partisans du PKK qui y ont déclaré "l'autonomie".

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, le conflit kurde a repris l'été dernier, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement turc avec le PKK à l'automne 2012. Ce conflit a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Durant l'automne, le quartier général stambouliote du quotidien d'opposition Hürriyet avait été la cible de deux attaques de manifestants favorables au chef de l'Etat. Aucune poursuite n'a été engagée contre les auteurs identifiés de cette attaque.

La Turquie figure au 149e rang sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF).

Deux journalistes turcs incarcérés depuis trois mois pour avoir fait état de livraisons d'armes d'Ankara à des rebelles islamistes en Syrie ont été libérés de prison vendredi, mais seront jugés lors d'un procès en mars.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.