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Syrie-Turquie: les développements autour d'une zone tampon ou de sécurité


Mercredi 16 janvier 2019 à 13h47

Beyrouth, 16 jan 2019 (AFP) — Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, la Turquie réclame l'établissement d'une zone tampon ou de sécurité dans le nord syrien, pour faire face à l'afflux de réfugiés et empêcher toute possibilité d'émergence d'une région autonome kurde à sa frontière.

- Raisons humanitaires -

Le 29 novembre 2011, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu affirme que la Turquie pourrait décider, en coordination avec la communauté internationale, d'imposer une zone tampon à sa frontière avec la Syrie en cas d'afflux massif de réfugiés fuyant le conflit.

La Turquie, ancien allié régional et politique de Damas, a adopté une position de fermeté contre son voisin, avec lequel elle partage une frontière de 900 kilomètres.

L'idée d'une zone tampon avait été évoquée par les médias turcs pour protéger les populations civiles face à la répression du régime du président Bachar al-Assad.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, avait de son côté évoqué une aide extérieure pouvant prendre la forme d'une zone tampon ou d'une zone d'exclusion aérienne pour protéger les civils.

- Contre les Kurdes -

Le 26 juillet 2012, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, accuse Damas d'avoir "confié" cinq zones du nord de la Syrie au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et à sa branche syrienne, le Parti de l'union démocratique (PYD), pour nuire aux intérêts turcs.

"Une zone de sécurité, une zone tampon, tout cela fait partie des alternatives que nous avons", dit-il.

A la mi-juillet, l'armée syrienne s'est retirée sans combattre de certaines régions kurdes où des militants proches du PKK se sont déployés, provoquant la colère de la Turquie.

- Retenir les candidats à l'exil -

Le 30 août 2012, le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu demande au Conseil de sécurité de l'ONU la création de "camps pour personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie" pour retenir les candidats à l'exil.

Mais sa demande est accueillie avec réserve.

- "Nettoyée des terroristes" -

Le 9 octobre 2014, M. Cavusoglu réclame "une zone de sécurité, une zone d'exclusion aérienne". "C'est important pour des raisons humanitaires et pour le succès de l'opération" contre le groupe Etat islamique (EI), dit-il.

Toute création d'une "zone tampon" dans le nord de la Syrie nécessite un feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU, réagit la diplomatie russe.

Le 11 novembre 2015, le président turc Erdogan remet sur la table l'idée d'une "zone sécurisée": "Proclamons une zone nettoyée des terroristes, une zone d'exclusion aérienne, réglons cette affaire".

"Notre objectif, ici, c'est une zone de 4.000 ou 5.000 km2 nettoyée des terroristes", précise-t-il le 13 février 2017.

- Sous contrôle turc -

Le 25 janvier 2017, le nouveau président américain Donald Trump évoque l'idée de zones de sécurité, dans un entretien à ABC News.

L'établissement de telles zones avait déjà été discutée sous l'administration de Barack Obama. Mais les militaires américains avaient souligné qu'il faudrait des moyens militaires très importants pour les faire respecter.

Le 19 décembre 2018, Donald Trump ordonne, à la surprise générale, le retrait des troupes américaines de Syrie. L'annonce intervient alors que la Turquie menace la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), alliée de Washington contre l'EI mais qu'Ankara considère comme un groupe "terroriste" étroitement lié au PKK.

Le 13 janvier 2019, Donald Trump appelle à la création d'une "zone de sécurité" de 30 km en Syrie, sans plus de précisions. Pour M. Erdogan, l'idée est de laisser la Turquie se charger de cette initiative.

Le 16, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov affirme que le nord de la Syrie doit passer sous contrôle du régime syrien. Les Kurdes rejettent une "zone de sécurité" sous contrôle turc.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.