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Syrie: les forces antijhadistes resserrent l'étau sur l'ultime réduit de l'EI


Lundi 18 mars 2019 à 11h23

Baghouz (Syrie), 18 mars 2019 (AFP) — Les forces arabo-kurdes ont resserré l'étau sur l'ultime réduit du groupe Etat islamique (EI) dans l'est syrien, où les combats se poursuivent lundi au terme d'une nuit de bombardements intenses leur ayant permis de progresser en territoire jihadiste.

Soutenues par les raids aériens d'une coalition internationale conduite par les Etats-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabes et kurdes, tentent depuis des semaines de déloger les derniers jihadistes de ce village de la province orientale de Deir Ezzor, non loin de la frontière irakienne.

Lundi matin, les combats se sont poursuivis dans le secteur, les FDS confortant, en parallèle, des positions acquises la veille à la faveur de combats et de frappes intenses.

"Nos forces ont progressé mais les affrontements se poursuivent", a indiqué à l'AFP Jiaker Amed, un porte-parole des FDS.

"Nos forces ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments (de l'EI). Elles ont continué de progresser ce (lundi) matin et encerclent désormais Daech depuis trois axes, le quatrième étant le fleuve" Euphrate, a précisé un responsable des FDS, utilisant l'acronyme arabe pour désigner l'EI.

Au sommet d'une colline surplombant le bastion de l'EI, une journaliste de l'AFP peut entendre le crépitement des mitrailleuses et les fortes explosions d'obus atterrissant sur la poche jihadiste, réduite à un petit campement de tentes et à des tunnels.

Des hommes, probablement des jihadistes, se déplacent rapidement à l'intérieur du réduit, enveloppé en grande partie d'un nuage noirâtre.

Accroupis derrière les rochers, les combattants des FDS ouvrent le feu sur les jihadistes visibles aux abords du camp, a-t-elle rapporté.

Dans un tweet posté dimanche soir, le porte-parole des FDS, Mustafa Bali, a affirmé que les forces antijihadistes ont conquis "plusieurs positions de l'EI" et "détiennent désormais plusieurs positions à l'intérieur du camp".

Les frappes se sont intensifiées en début de soirée, selon une équipe de l'AFP, qui a fait état de "tirs nourris et de fortes explosions".

- "Approche méthodique" -

"L'offensive terrestre des FDS a été très efficace", s'est félicité lundi le porte-parole de la coalition antijihadistes, Sean Ryan.

"Les FDS continuent d'adopter une approche méthodique pour rayer le dernier territoire contrôlé par Daech" de la carte, a-t-il affirmé à l'AFP.

L'assaut final des forces anti-EI, décrété le 9 février, s'inscrit dans le cadre d'une offensive lancée en septembre dernier, qui a permis d'acculer progressivement les jihadistes dans un ultime périmètre au bord de l'Euphrate.

Mais l'opération a été maintes fois suspendue ou ralentie par l'évacuation de dizaines de milliers de personnes de la poche jihadiste.

Durant le week-end, quelques dizaines de personnes ont été évacuées ou ont pris la fuite, mais le flot de départs a nettement diminué comparé aux semaines précédentes.

Dimanche, le porte-parole des FDS Kino Gabriel a affirmé que quelque "5.000 personnes" se trouveraient encore dans le réduit jihadiste, et n'a pas voulu avancer de calendrier précis pour la fin de l'offensive.

Quelques 64.000 personnes ont déjà quitté l'enclave de l'EI depuis janvier, selon les FDS, parmi lesquelles se trouvent 5.000 jihadistes arrêtés après leur reddition.

La plupart des évacués sont transférés vers le camp d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, où des dizaines de milliers de personnes sont entassées dans des conditions particulièrement rudes, selon plusieurs ONG.

L'EI avait proclamé en 2014 un "califat" sur de vastes régions conquises à cheval entre la Syrie et l'Irak avant que son territoire ne se réduise comme peau de chagrin.

Sa défaite à Baghouz doit constituer la fin officielle de son "califat", mais le groupe a déjà entamé sa mue en organisation clandestine.

La guerre en Syrie, qui est entrée dans sa neuvième année, a déjà tué plus de 370.000 personnes, selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et déplacé plusieurs millions d'autres.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.