Page Précédente

Syrie: les FDS, une alliance kurdo-arabe soutenue par les Etats-Unis


Vendredi 25 janvier 2019 à 10h06

Beyrouth, 25 jan 2019 (AFP) — Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes, sont le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie au côté d'une coalition militaire internationale conduite par les Etats-Unis.

Mercredi, elles ont conquis le dernier village tenu par l'EI dans l'est de la Syrie, confinant les jihadistes dans quelques hameaux, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG disposant d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre.

- Prédominance des YPG -

Les FDS sont créées en octobre 2015 à l'initiative de la principale milice kurde syrienne, les Unités de protection du peuple kurde (YPG). Elles incluent des groupes rebelles syriens ayant soutenu les YPG dans les combats contre l'EI.

Composées de quelque 30.000 hommes et femmes, dont 25.000 Kurdes, les FDS comptent aussi des Arabes musulmans et chrétiens ainsi que quelques Turkmènes, tous issus des populations présentes dans des régions du nord de la Syrie échappant au contrôle du régime de Bachar al-Assad.

- Partenaires des Etats-Unis -

Avant même la création des FDS, les YPG avaient infligé plusieurs défaites aux jihadistes de l'EI, chassés en 2015 de Kobané et Tall Abyad, deux villes syriennes proches de la frontière turque. Elles avaient bénéficié des frappes de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis et à laquelle participe aussi la France.

Après l'échec d'un programme qui devait aboutir à la constitution d'une force de rebelles syriens pour combattre l'EI, Washington décide de fournir une aide conséquente aux FDS. Ce soutien comprend des armes, des frappes aériennes mais aussi le déploiement de centaines de militaires américains, dont des membres des forces spéciales.

- Victoires sur l'EI -

En novembre 2016, les FDS, soutenues par la coalition, lancent une grande offensive pour prendre la ville de Raqa (nord de la Syrie) Le 17 octobre 2017, les jihadistes sont chassés de leur principal fief en Syrie.

Le 10 septembre 2018, les FDS et la coalition lancent l'ultime phase de l'opération "Roundup", amorcée en mai pour déloger les jihadistes des dernières localités situées à l'est du fleuve Euphrate, dans la province orientale de Deir Ezzor.

Mais les jihadistes résistent en lançant des contre-attaques meurtrières.

En décembre, les FDS chassent l'EI de la localité de Hajine, près de la frontière irakienne.

Le 23 janvier 2019, elles prennent le contrôle du village de Baghouz, le dernier encore aux mains des jihadistes, selon l'OSDH. Désormais l'EI ne tient plus que quelques hameaux et des terrains agricoles, d'après cette ONG.

- Appel à l'aide au régime -

A la mi-décembre 2018, la Turquie, menace d'une offensive imminente contre les milices kurdes en Syrie. Elle considère les YPG, épine dorsale des FDS, comme "terroriste" pour leurs liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui livre une guérilla sur le territoire turc depuis 1984.

Ankara était déjà intervenue contre les forces kurdes en Syrie début 2018, les chassant d'Afrine (nord-ouest).

Le 19 décembre 2018, le président américain Donald Trump, à la surprise générale, ordonne le retrait des quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie, estimant que l'EI a été "défait".

"Cela offrira au terrorisme (...) une opportunité de se reprendre et de lancer une (nouvelle) campagne dans la région", réagissent les FDS.

Le 28 décembre, face aux menaces turques d'offensive, les YPG appellent le régime de Bachar al-Assad à déployer ses troupes dans les régions du nord de la Syrie où les Kurdes avaient déclaré une administration autonome. L'armée syrienne se déploie près de la ville de Minbej.

En juillet déjà, le bras politique des FDS, le Conseil démocratique syrien, avait tenu des pourparlers avec le régime syrien, deux mois après que Bachar al-Assad eut menacé de recourir à la force pour reconquérir les territoires kurdes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.