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Syrie: Les FDS, une alliance arabo-kurde anti-EI soutenue par les Etats-Unis


Dimanche 6 novembre 2016 à 16h16

Beyrouth, 6 nov 2016 (AFP) — Les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui ont annoncé dimanche une grande offensive pour reprendre Raqa, "capitale" du groupe Etat islamique en Syrie, est une force soutenue par les Etats-Unis créée il y a un an pour chasser les jihadistes du nord de la Syrie.

Avec une nette prédominance des Unités de défense du peuple kurde (YPG), elles comptent aussi des Arabes et des Turkmènes, issus des populations présentes dans cette région du pays qui échappe au contrôle du régime.

Composées de 30.000 hommes et femmes, les FDS ont rapporté une série de victoires contre l'EI au cours des 12 derniers mois notamment la difficile capture de la ville de Minbej, non loin de la frontière turque.

Mais la Turquie considère les FDS comme une couverture pour les YPG, qui ne sont à ses yeux que la branche syrienne du PKK, mouvement indépendantiste kurde de Turquie considéré comme terroriste par Ankara.

- Ennemi commun -

Les FDS ont été formées à la mi-octobre 2015, dans un pays déchiré par la guerre depuis 2011, avec pour premier objectif de chasser l'EI du nord de la Syrie.

Les YPG furent les premières forces à infliger de cuisantes défaites à l'EI, en l'empêchant de prendre la ville de Kobané en janvier 2015 puis Tall Abyad en juin 2015, toutes deux à l'ouest de Raqa et près de la frontière turque.

Après avoir lancé en 2014 sa campagne aérienne contre les jihadistes en Irak et en Syrie, Washington, à la tête d'une coalition militaire internationale, s'est trouvé confronté à la nécessité de trouver un allié fiable sur le terrain.

Les Etats-Unis ont dans un premier temps lancé un programme de 500 millions de dollars pour constituer une armée composée de rebelles pour combattre l'EI. Mais le projet a échoué d'autant qu'un des groupes s'était rendu à Al-Qaïda avec son équipement.

- Soutien de Washington -

Washington a alors cherché une autre option et les FDS ont été créées.

Ces forces ont reçu une aide conséquente des Etats-Unis, en armement mais aussi en soutien aérien à leurs opérations sur le terrain.

En outre la Maison Blanche a annoncé le premier déploiement en Syrie de forces spéciales, qui sont aujourd'hui au nombre de 250, brisant le principe longtemps affiché de ne pas envoyer des troupes au sol.

Et de hauts responsables américains ont même rencontré des commandants des FDS dans le nord de la Syrie.

- Série de victoires -

Les derniers mois de 2015 se sont soldés par une série de victoires pour les FDS qui parviennent à chasser les jihadistes de 200 villages de la province septentrionale de Hassaké.

La coalition arabo-kurde avait aussi porté le fer contre l'EI dans la province d'Alep en capturant un barrage stratégique de l'Euphrate et faisant échouer une offensive contre la ville de Ain Issa, à 50 km de Raqa.

En février, les FDS ont pris Chaddadé, qui était la plus grande localité aux mains de l'EI dans la province de Hassaké et un champ pétrolier à proximité, dans le nord-est.

Mais l'offensive la plus ambitieuse a été celle lancée en juin contre Minbej, coupant la principale ligne d'approvisionnement de l'EI avec la Turquie. La ville est tombée en août.

- Craintes turques -

La montée en puissance des FDS suscite l'inquiétude de la Turquie, qui veut empêcher que les Kurdes puissent constituer une ceinture autonome le long de la frontière.

La Turquie a lancé une opération à l'intérieur de la Syrie le 24 août en s'appuyant sur des forces rebelles syriennes, qui ont repris Jarablous, bastion de l'EI, et celui de Dabiq, proches de la frontière.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.