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Syrie: le tueur des trois Américains était un membre des forces de sécurité soupçonné d'"extrémisme"


Dimanche 14 decembre 2025 à 18h44

Damas, 14 déc 2025 (AFP) — L'homme qui a tué trois Américains samedi dans une attaque en Syrie, imputée par Washington au groupe Etat islamique (EI), était membre des forces de sécurité syriennes, dont il devait être "radié" pour "idées islamistes extrémistes", a affirmé dimanche le ministère syrien de l'Intérieur.

"L'auteur de l'attaque était un membre des forces de la Sécurité générale relevant du ministère de l'Intérieur depuis plus de dix mois, et était posté dans plusieurs villes avant d'être transféré à Palmyre", a précisé à l'AFP un responsable de sécurité syrien, indiquant que "11 membres des forces de la Sécurité générale" avaient été arrêtés après l'attentat.

Deux soldats et un civil américains ont été tués dans la région désertique de Palmyre alors qu'ils étaient en mission, selon le Pentagone. L'auteur a été tué.

"Nous riposterons", a averti samedi le président Donald Trump, imputant l'attaque à l'EI "dans une zone très dangereuse de Syrie, qui n'est pas totalement contrôlée" par Damas.

Les autorités syriennes soupçonnaient le tueur d'avoir "des idées islamistes extrémistes" et avaient décidé de le "radier" des forces de sécurité dimanche, soit au lendemain de l'attentat, a affirmé un porte-parole du ministère de l'Intérieur à la télévision officielle.

Trois autres soldats américains ont également été blessés, selon le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

- "Traquer l'EI" -

Washington a décrit l'attaque comme une "embuscade par un tireur isolé" de l'EI, qui avait par le passé contrôlé la région de Palmyre avant d'être défait.

C'est la première fois qu'un tel attentat se produit en Syrie depuis la prise du pouvoir, il y a un an, d'une coalition islamiste qui a effectué un rapprochement avec les Etats-Unis.

En réponse, les autorités ont lancé une opération contre les cellules de l'EI dans toute la province de Homs, selon la télévision d'Etat.

L'envoyé américain pour la Syrie, Tom Barrack, a déclaré que l'attaque ne faisait que "renforcer" la stratégie américaine visant à "permettre à des partenaires syriens compétents, avec un soutien opérationnel américain limité, de traquer les réseaux de l'EI (...) et d'empêcher leur résurgence".

Le contingent américain effectuait une "mission de soutien aux opérations en cours contre l'EI", a affirmé le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, précisant que le civil américain tué était un interprète.

Un responsable du ministère syrien de la Défense a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat qu'avant l'attaque, les forces américaines étaient arrivées par la route depuis la base militaire d'al-Tanf (sud-est), près de la frontière avec la Jordanie.

"La délégation conjointe syro-américaine a d'abord visité la ville de Palmyre, puis s'est rendue à la base aérienne T-4 avant de retourner au quartier général de la sécurité à Palmyre", où l'attaque s'est produite, a-t-il ajouté.

- "Avertissements" -

Selon un autre responsable de la sécurité syrienne, les forces américaines présentes dans les zones contrôlées par le gouvernement ne sont déployées que dans la base aérienne de Mazzeh à Damas et ne font que des "visites" dans d'autres régions.

Le gouvernement syrien a condamné une "attaque terroriste" qui a également blessé deux membres des forces de sécurité syriennes, selon l'agence officielle Sana.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur avait affirmé samedi que les forces de la coalition internationale antijihadiste, dirigées par Washington, n'avaient pas tenu compte des avertissements de Damas concernant un risque d'infiltration de l'EI dans la région de Palmyre.

Les forces de sécurité et l'armée du président déchu Bachar al-Assad s'étaient effondrées lors de la prise du pouvoir par la coalition islamiste à l'issue d'une offensive éclair.

Les nouvelles autorités ont enrôlé massivement de nouvelles recrues pour constituer les forces de la Sécurité générale.

Une nouvelle armée a également été constituée, regroupant des membres de factions alliées aux autorités qui s'étaient dissoutes à leur demande.

Le président par intérim Ahmad al-Chareh a rompu avec son passé jihadiste. Lors de sa visite à Washington le mois dernier, Damas a rejoint la coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.

Les forces américaines en Syrie sont notamment déployées dans les zones sous contrôle kurde dans le nord, ainsi que dans la base d'Al-Tanf.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.