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Syrie: la position kurde depuis 2011


Vendredi 28 decembre 2018 à 18h14

Beyrouth, 28 déc 2018 (AFP) — De l'engagement prudent dans le soulèvement contre le gouvernement de Bachar al-Assad à l'appel à l'aide du régime, rappel des étapes-clés qui ont marqué l'attitude des Kurdes de Syrie depuis 2011.

Installés surtout dans le Nord syrien, les Kurdes représentent 15% de la population, selon les estimations.

- Manifestations -

Le 1er avril 2011, plusieurs centaines de personnes défilent pour la première fois à Qamichli, Amouda et Hassaké, dans le Nord à majorité kurde, en scandant "Nous ne voulons pas seulement la nationalité mais aussi la liberté", selon des témoins.

En 1962, 20% des Kurdes de Syrie avaient été privés de leur citoyenneté à la suite d'un recensement controversé.

- Naturalisation -

Le 7 avril 2011, le président Assad promulgue un "décret octroyant à des personnes enregistrées comme étrangères dans le gouvernorat de Hassaké la citoyenneté arabe syrienne". La mesure concerne environ 300.000 personnes.

Mais dès le lendemain, des manifestations ont lieu dans plusieurs localités du Nord, notamment en faveur de la libération de détenus. Plusieurs autres vont rassembler des milliers de personnes dans les mois qui suivent à Qamichli, Amouda et Derbassiyé.

- Un opposant assassiné -

Le 7 octobre 2011, Mechaal Tamo, qui avait rejoint le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, est tué à bord d'un véhicule à Qamichli.

Récemment libéré après trois ans et demi de prison, il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités.

Le lendemain, les forces de sécurité tirent sur l'immense foule participant à ses funérailles.

- L'armée se retire -

En juin 2012, l'armée syrienne libre (ASL), mise sur pied par des déserteurs syriens, appelle ses "frères kurdes" à rejoindre la rébellion.

Mais les Kurdes, méfiants envers l'opposition qu'ils jugent peu encline à reconnaître leur spécificité, vont tenter de garder leurs régions à l'abri des violences.

En juillet, l'armée se retire sans combat de certaines régions kurdes où des militants proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se sont déployés, suscitant des soupçons de collusion avec le régime. Ankara accuse même Damas d'avoir "confié" plusieurs zones du nord de la Syrie à la branche syrienne du PKK, le Parti de l'union démocratique (PYD).

- Administration autonome -

Le 12 novembre 2013, le PYD et d'autres formations kurdes signent une déclaration établissant une administration autonome dans la région kurde. Celle-ci est divisée en trois zones, dotées chacune d'une assemblée locale ainsi que de représentants au sein d'un organe exécutif régional.

L'annonce intervient après des victoires sur le terrain des combattants kurdes face aux groupes rebelles et jihadistes.

La Coalition de l'opposition qualifie le PYD de "formation hostile à la révolution syrienne".

- Contacts avec des responsables américains -

En octobre 2014, le département d'Etat révèle que des responsables américains ont rencontré pour la première fois des kurdes du PYD dans le cadre de la stratégie des Etats-Unis contre le groupe Etat islamique (EI).

En septembre, une coalition menée par les Etats-Unis avait lancé ses premiers raids contre les jihadistes, qui s'étaient emparés au cours des mois précédents de larges territoires dans le Nord et l'Est.

- Alliés des Etats-Unis -

Début 2015, les forces kurdes soutenues par les frappes de la coalition chassent l'EI de Kobané, chef-lieu de l'un des trois "cantons" de la région autonome, après plus de quatre mois de violents combats.

En juin, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde, prennent le contrôle de Tall Abyad, à la frontière avec la Turquie.

En octobre, les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées de 25.000 Kurdes et 5.000 Arabes, sont créées. Dominées par les YPG, elles vont recevoir une aide conséquente des Etats-Unis, en armement mais aussi en soutien aérien.

Les FDS ont depuis chassé l'EI du nord-est de la Syrie, notamment de Raqa et d'une grande partie de la province de Deir Ezzor.

- Appel à l'aide du régime -

Le 28 décembre 2018, les YPG appellent le régime à déployer ses troupes dans les régions qu'elles contrôlent dans le Nord pour les aider face aux menaces turques d'offensive dans ces secteurs. L'appel est lancé quelques jours après l'annonce surprise des Etats-Unis du retrait de leurs troupes du pays en guerre.

L'armée syrienne se déploie dans les environs de Minbej, à 30 km de la frontière turque.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.