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Syrie: grandes manifestations en territoires kurdes contre Ankara


Jeudi 18 janvier 2018 à 20h12

Jawadiyé (Syrie), 18 jan 2018 (AFP) — Plusieurs milliers de personnes ont manifesté jeudi dans les territoires kurdes du nord de la Syrie, dénonçant les menaces du voisin turc de lancer une offensive contre des bastions de la communauté.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que l'armée turque était "prête" à lancer une opération "à tout moment" contre des villes du nord syrien contrôlées par des forces kurdes, notamment Afrine, située non loin de la frontière avec la Turquie.

Estimés à 15% de la population syrienne, longtemps opprimés sous le régime de Damas, les Kurdes ont profité de la guerre déclenchée en 2011 pour établir une autonomie de facto dans les territoires qu'ils contrôlent, dans le nord et nord-est syrien.

La Turquie craint de voir sa propre communauté kurde développer des ambitions similaires, et considère comme "terroristes" les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde en Syrie.

Plusieurs milliers de personnes se sont ainsi rassemblées jeudi dans la ville Jawadiyé, dans la province de Hassaké (nord-est), a constaté un correspondant de l'AFP.

"Nous sommes unis et nous voulons soutenir notre peuple à Afrine", a confié Abdallah Khaled, un manifestant de 40 ans.

"A bas, à bas Erdogan", "Avec notre âme, avec notre sang, nous sommes avec toi Afrine", ont scandé les manifestants, brandissant des drapeaux kurdes, des drapeaux des YPG, ou encore des portraits d'Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), emprisonné depuis 1999 en Turquie.

"Nous condamnons les attaques de l'Etat turc contre notre peuple à Afrine", pouvait-on lire sur des pancartes en arabe et en kurde.

Plusieurs rassemblements similaires ont eu lieu dans les territoires contrôlés par les Kurdes, notamment à Afrine où selon les organisateurs des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues malgré la pluie.

Ankara a haussé le ton ces derniers jours contre la communauté, qui doit jouer un rôle important dans un projet de force frontalière parrainé par la coalition internationale antijihadistes et dévoilé dimanche.

Ankara, qui craint que les YPG ne s'implantent durablement aux portes de la Turquie, s'est immédiatement opposée à une telle force.

Mardi, M. Erdogan a promis d'en finir avec les "nids de terroristes" dans le nord de la Syrie. Il a averti qu'une opération à Afrine pourrait avoir lieu "demain, le jour suivant ou d'ici peu de temps".

Les Etats-Unis ont tenté mercredi de rassurer la Turquie sur cette force, en soulignant qu'elle n'était "pas une nouvelle +armée+ ou une force conventionnelle de +garde-frontières".

Et Damas a prévenu jeudi Ankara que l'armée syrienne était prête à détruire les avions turcs qui interviendraient en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.