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Syrie: des rebelles en renfort depuis la Turquie pour combattre les Kurdes


Jeudi 18 février 2016 à 04h11

Damas, 18 fév 2016 (AFP) — Un demi-millier de rebelles syriens ont franchi la frontière turque pour prêter main forte aux insurgés dans le nord de la Syrie contre les forces kurdes, qu'Ankara bombardait pour le sixième jour consécutif.

Au moins 500 rebelles ont traversé mercredi la frontière turque pour se rendre dans la ville syrienne d'Azaz dans la province d'Alep "sous la supervision des autorités turques", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Ils veulent prêter main forte aux insurgés face à la progression des forces kurdes dans le nord de la province", a-t-il ajouté.

A la suite d'une vaste offensive de l'armée appuyée par les frappes aériennes russes, les rebelles ont perdu plusieurs villes et localités de la province d'Alep qui était considérée comme leur fief.

Le 14 février, près de 350 rebelles étaient déjà passés à travers le poste-frontière d'Atmé, munis d'armes légères et lourdes.

De son côté, alarmée par la progression des forces kurdes près de sa frontière, la Turquie, qui soutient la rébellion contre Bachar al-Assad, bombardait dans la nuit de mercredi à jeudi leurs positions notamment à Tall Rifaat, dans la province d'Alep morcelée entre régime, rebelles, jihadistes et kurdes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé mercredi la détermination de son pays à poursuivre ses frappes contre les milices kurdes de Syrie, assurant qu'il n'accepterait jamais la constitution d'un nouveau bastion kurde à sa frontière.

- 'Pas question d'arrêter' -

"Ils (nos alliés) nous demandent d'arrêter les tirs sur le PYD (Parti de l'union démocratique), d'arrêter les tirs sur les YPG (Unités de protection du peuple, les milices du PYD). Désolé, il n'est pas question pour nous d'arrêter", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours prononcé devant des préfets à Ankara.

"Nous n'accepterons jamais de nouveau Kandil (la base arrière du Parti des travailleurs du Kurdistan en Irak, ndlr) à notre frontière sud", a-t-il souligné.

Quelques heures après ce discours, la Turquie, acteur de poids dans la crise syrienne, a été secouée par un attentat à la voiture piégée visant un convoi militaire qui a fait au moins 28 morts et 61 blessés en plein centre d'Ankara. L'attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat.

Depuis samedi dernier, l'artillerie turque vise des positions tenues par les milices kurdes des YPG, qui ont profité de l'offensive des forces du régime de Damas, appuyées par les raids aériens russes, pour avancer jusqu'aux alentours d'Azaz.

Les Etats-Unis, l'Union européenne ou la France ont exhorté Ankara à mettre un terme à ces frappes, qui ont rendu très improbable la trêve censée entrer en vigueur cette semaine en Syrie et compliqué un peu plus la recherche d'une solution politique.

La Turquie accuse le PYD et les YPG d'être des organisations "terroristes" car proches du PKK, qui mène depuis 1984 une rébellion meurtrière sur son sol.

Elle redoute que leurs combattants, qui contrôlent déjà une grande partie du nord de la Syrie, n'étendent leur influence à la quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie et y déclarent l'autonomie.

Malgré un accord pour une cessation des hostilités d'ici la fin de la semaine, les frappes aériennes russes et de l'armée syrienne se poursuivent, voire s'intensifient, a indiqué un porte-parole américain.

- 'Insupportable' -

Ravagée par la guerre depuis près de cinq ans, la Syrie doit faire face à une crise humanitaire extrêmement grave, plus de la moitié des 23 millions de Syriens ayant dû fuir leur foyer.

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé "insupportable" la situation humanitaire et insisté sur sa proposition de zone d'exclusion aérienne en Syrie pour protéger les civils.

Plusieurs dizaines de camions d'aide ont pénétré mercredi dans des villes et localités assiégées en Syrie, une première assistance humanitaire depuis l'accord de Munich sur un accès immédiat aux civils en détresse dans ce pays ravagé par la guerre.

En visite à Damas, l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura avait annoncé mardi l'acheminement de ces aides.

Quelque 486.700 personnes se trouvent dans des zones assiégées et 4,6 millions dans des zones difficiles d'accès, selon l'Office des Nations unies pour l'aide humanitaire (Ocha).

M. De Mistura s'est attiré les foudres de Damas en soutenant que les autorités avaient le "devoir" de permettre aux Nations unies de livrer l'aide humanitaire et que son acheminement représentait un "test" sur les intentions du régime.

La conseillère du président Bachar al-Assad, Bouthaïna Chaabane, a appelé l'émissaire de l'ONU à "se concentrer sur sa mission de médiateur plutôt que de s'occuper de l'aide humanitaire".

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a par ailleurs affirmé que trois frappes israéliennes ont visé une position de l'armée syrienne au sud de la capitale Damas mercredi en début de soirée.

Une source de sécurité sur le terrain a démenti l'information.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.