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Syrie: combats acharnés entre Kurdes et jihadistes, 136 morts en 4 jours


Dimanche 23 janvier 2022 à 16h50

Hassaké (Syrie), 23 jan 2022 (AFP) — Pour le quatrième jour consécutif, des combats entre jihadistes et forces kurdes soutenues par la coalition internationale ont continué de faire rage dimanche dans le nord-est de la Syrie avec un bilan alourdi à plus de 136 morts.

Déclenchés jeudi soir par un assaut majeur du groupe jihadiste Etat islamique (EI) contre la prison de Ghwayran, l'une des plus grandes abritant des jihadistes dans la Syrie en guerre, les affrontements ont poussé à la fuite des milliers de civils dans un froid glacial.

L'assaut a été lancé par une centaine de combattants de l'EI pour libérer leurs camarades détenus dans cette prison de la région de Hassaké, sous contrôle kurde.

Cette attaque est la plus importante revendiquée par l'EI depuis sa défaite en 2019 en Syrie face aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les forces kurdes et soutenues par la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "84 jihadistes et 45 combattants kurdes ont été tués" en quatre jours, de même que "sept civils" dans ces combats qui ont lieu dans la prison et aux alentours.

Les FDS ont affirmé dans un communiqué que "les combattants de l'EI se trouvant dans l'enceinte de la prison ne pouvaient plus s'échapper", leurs forces ayant bouclé le secteur.

Selon l'OSDH, les FDS ont sécurisé la quasi totalité du secteur et une grande partie de la prison, à l'exception de quelques cellules. Ils sont soutenues par l'aviation de la coalition internationale.

Les FDS s'étaient déployés en force dans et autour de la prison, recherchant les jihadistes et appelant via des haut-parleurs les civils à quitter le secteur.

- "Un miracle" -

Selon les autorités locales kurdes, des milliers de personnes ont quitté leurs maisons près de la prison.

Les jihadistes "entrent dans les maisons et tuent des gens", a indiqué à l'AFP l'un des civils fuyant à pied.

"C'est un miracle que nous ayons pu sortir vivants", a-t-il dit, portant un enfant enfoui dans une couverture en laine. "La situation est toujours très mauvaise. Après quatre jours, les combats acharnés continuent."

Hamcha Sweidan, une femme de 80 ans qui a réussi elle aussi à s'enfuir, a affirmé: "nous allions mourir de faim et de soif". Et "maintenant nous ne savons pas où aller".

Les combats étaient entendus dans les secteurs voisins, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les FDS ont affirmé avoir saisi des ceintures explosives, des armes et des munitions lors de la contre-attaque.

Les assaillants ont indiqué s'être emparés d'armes et avoir libéré des "centaines" de jihadistes. Une centaine d'évadés ont pu être rattrapés par les forces kurdes mais des dizaines seraient encore en fuite, a indiqué l'OSDH.

- "Retrouver sa force" -

Dans une vidéo diffusée samedi, l'EI montre environ 25 hommes, dont certains en habit militaire, affirmant qu'il s'agit de Kurdes capturés pendant l'assaut.

Commentant la vidéo, les FDS ont affirmé que les captifs étaient des membres du personnel travaillant à la cuisine de la prison.

Selon Nicholas Heras, du Newlines Institute à Washington, "les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l'EI de retrouver sa force et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée".

Des milliers de jihadistes sont détenus dans les centres de détention dans les vastes territoires du nord et nord-est de Syrie sous contrôle kurde. De nombreuses prisons étaient à l'origine des écoles et sont donc mal adaptées pour garder des détenus sur le long terme.

Selon les autorités kurdes, quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités --européennes et autres-- sont détenus dans leurs prisons. Elles réclament en vain depuis des années leur rapatriement.

Malgré sa défaite, l'EI parvient toujours à mener des attaques meurtrières grâce à des cellules dormantes.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.

Le conflit a fait environ 500.000 morts selon l'OSDH, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.