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Syrie: bataille féroce pour la reconquête du barrage de Tabqa aux mains de l'EI


Lundi 27 mars 2017 à 20h52

Barrage de Tabqa (Syria), 27 mars 2017 (AFP) — La route du nord qui conduit au barrage de Tabqa est parsemée de signes montrant la violence des combats qui y opposent les combattants kurdes et arabes soutenus par les États-Unis aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Des épaves de voitures brulées et des caisses de munitions vides jonchent la route menant au gigantesque complexe du barrage, dans lequel sont entrées les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Deux chars renversés gisent contre un monceau de gravas et d'ordures le long de la route et plusieurs corps qui semblent être ceux de jihadistes flottaient dans l'eau d'un canal.

Le groupe ultraradical sunnite contrôle toujours le principal barrage, le plus grand de Syrie, sur le fleuve Euphrate.

Mais les combattants des FDS sont entrés dans le complexe par le nord et en contrôle une partie. La bataille pour ce barrage a suscité des inquiétudes qu'une défaillance puisse entraîner des inondations "catastrophiques" comme l'a déjà mis en garde l'ONU.

- Risque d'inondations -

Ce barrage est depuis dimanche hors service. Les bombardements dans le secteur ont conduit à l'arrêt de la centrale fournissant l'électricité au barrage, entraînant l'arrêt du fonctionnement de cette infrastructure ce qui risque de provoquer une dangereuse montée des eaux.

"Nous essayons de préserver le barrage autant que possible afin qu'il ne soit pas endommagé. Nous pensons que Daech (acronyme arabe de l'EI) a placé des explosifs pour entraver notre avance" a affirmé à l'AFP la commandante Rojda Felat.

Les signes du contrôle du secteur par l'EI sont visibles un peu partout. Un panneau de cette organisation avertissait que le poids maximum pour un véhicule empruntant le barrage est de 50 tonnes et que tout dépassement est passible d'une amende.

Ailleurs, une autre pancarte en arabe écrite à l'encre blanche sur fond noir affirme: "Le coran est notre Constitution, Mohammad notre dirigeant et le jihad notre voie".

La bataille pour la conquête du barrage fait partie de la stratégie des FDS avant de lancer leur assaut sur Raqa, la capitale de facto de l'EI, située à 55 km.

L'objectif des FDS est d'encercler Raqa et dans ce cadre elles se sont emparées dimanche de l'aéroport militaire de Tabqa.

La coalition internationale antijihadistes conduite par les Etats-Unis a lancé une série de raid en appui à l'opération et la commandante Rojda Felat assure que ses forces jouent un rôle grandissant sur le terrain.

"Cette fois, dit-elle, les forces de la coalition ont participé de manière plus grande que les fois précédentes avec de nouvelles tactiques comme le pont aérien, la traversée du fleuve ou le barrage de feu de l'artillerie".

Et à partir d'une position à la périphérie du lac Assad, créé artificiellement par le barrage et qui est la plus grande réserve d'eau du pays, on peut voir une position de l'EI avec son drapeau noire flottant près d'une mosquée.

Depuis leur arrivée dans ce complexe, les FDS ont déjà laissé leur marque: Les noms des FDS et du YPG (unités de protection du peuple kurde) ont été peints en anglais sur des barrages en béton criblés de balles.

Craignant pour la solidité du barrage, les FDS ont annoncé lundi une pause de quatre heures dans les opérations pour permettre aux ingénieurs d'entrer dans le complexe.

Une porte-parole des FDS a affirmé lundi après-midi que l'inspection avait été réalisé avec succès.

"Le barrage fonctionne et il n'est pas endommagé, les ingénieurs ont fini leur travail et le cessez-le-feu a pris fin", a déclaré dans un communiqué Jihan Cheikh Ahmad.

Cependant ces affirmations ont été contredites par une source technique au barrage.

"Il faut deux ou trois jours pour réparer les dommages résultant du bombardement de la chambre électrique. les équipes vont essayer de trouver une alternative à la centrale pour la faire fonctionner de nouveau", a précisé cette source.

Le barrage de Tabqa a une capacité de 14,1 milliards de m3 de quoi anéantir toute la vallée de l'Euphrate jusqu'à Deir Ezzor s'il cédait. C'est pour cela qu'il fallait le reconquérir avant de prendre Raqa, a affirmé à l'AFP le géographe français spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.