Page Précédente

Syrie: après chaque victoire, les antijihadistes creusent des tranchées


Lundi 7 novembre 2016 à 18h44

Abou Ilaj (Syrie), 7 nov 2016 (AFP) — A l'entrée du village syrien d'Abou Ilaj, fraîchement conquis sur leur route vers Raqa, des combattants antijihadistes creusent des tranchées avec des bulldozers pour éviter une attaque surprise du groupe État islamique (EI).

"Dans toutes les régions où les Forces démocratiques syriennes (FDS) avancent, la première chose que nous faisons est de creuser des tranchées pour éviter que les membres de Daech (acronyme arabe de l'EI) ne s'infiltrent avec leurs voitures piégées", affirme un combattant posté à côté de deux engins de terrassement jaunes.

Les FDS ont annoncé dimanche s'être lancées à la conquête de Raqa, la capitale de facto de l'EI dans le nord-est de la Syrie, concomitamment à l'offensive menée par l'armée irakienne pour reprendre Mossoul. Cette coalition de combattants est dominée par les Kurdes mais comprend aussi des Arabes et des Turkmènes.

"Nous connaissons bien les méthodes des terroristes de Daech, c'est pour cela qu'il est impératif de fortifier nos positions aussitôt une parcelle de territoire libérée", explique à l'AFP Talal Sello, le porte-parole des FDS.

A Abou Ilaj, l'aspect de désolation de cette minuscule localité, située en plein désert à 30 km seulement de Raqa, montre l'intensité des combats. Les rues poussiéreuses sont désertes et les maisons en ciment ou en pisé sont à terre. Des combattants en treillis enjambent les gravats pour pouvoir avancer.

Des véhicules tout terrain traversent à vive allure le village, avec à bord des combattants kurdes coiffés de foulards multicolores rejoignant le front tout proche. D'autres combattants, harassés et couverts de poussière, sont assis sur le sol avec leur arme posée contre le mur et goûtent un moment de repos avant de repartir à l'assaut.

"Hier (dimanche) nous avons nettoyé cette région. Dans ce village, Daech a fait exploser plusieurs voitures pour freiner notre avancée alors que d'autres ont été détruites par l'aviation", assure Abou Yazan, chef de la Brigade des révolutionnaires de Tal Abyad --une des composantes arabes des FDS--, debout sur les décombres d'une maison.

Les FDS bénéficient d'un soutien actif de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, dont les avions poursuivent la campagne de frappes aériennes engagée depuis plus d'un an pour détruire les infrastructures de l'EI.

Le journaliste de l'AFP a vu un appareil frapper une position de l'EI d'où s'échappaient des volutes de fumée grise. Le bruit des armes est incessant.

"Inchallah, dans quelques jours, nous allons couper la route d'approvisionnement des terroristes retranchés à Raqa", ajoute ce combattant de 38 ans, la barbe noire et coiffé d'un kéfié en damiers noirs et blancs.

"Le front dont nous sommes chargés s'étend sur 23 km entre Aïn Issa et Tall Samaan", un localité située à 26 km au nord de Raqa, explique Fadel Abou Rim, 40 ans.

"Il subsiste derrière nous des poches de résistance de Daech mais les jihadistes ne peuvent pas s'enfuir car nous avons verrouillé leurs positions dès le début de l'opération", dit ce combattant.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.