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Pour Hollande, lutter contre l'EI en Irak c'est "prévenir le terrorisme" en France


Lundi 2 janvier 2017 à 14h56

Erbil (Irak), 2 jan 2017 (AFP) — La lutte en Irak contre le groupe Etat islamique (EI) est cruciale pour "prévenir des actes terroristes" en France, a affirmé lundi à Bagdad le président français François Hollande, au moment où un nouvel attentat ensanglantait la capitale irakienne.

Malgré cette attaque meurtrière de l'EI, qui a également affirmé être derrière la fusillade ayant fait 39 morts à Istanbul la nuit du Nouvel An, M. Hollande a prédit que 2017 serait "une année de victoire contre le terrorisme".

La lutte contre les jihadistes est au coeur de la visite en Irak du président français, à ce jour le seul dirigeant majeur de la coalition internationale anti-EI à s'être rendu dans ce pays depuis le lancement de cette coalition il y a deux ans et demi.

Il l'effectue cinq mois avant la fin en mai de son mandat, au cours duquel il a enchaîné les interventions militaires à un rythme plus effréné qu'aucun autre président français avant lui. Ces dernières font partie des rares actions de son quinquennat à avoir été relativement épargnées par les critiques.

Quelques heures après son arrivée sous haute sécurité à Bagdad, au moins 32 personnes ont péri et 61 ont été blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée commis dans un quartier à majorité chiite de Bagdad.

Les extrémistes sunnites de l'EI visent régulièrement dans la capitale les musulmans chiites qu'ils considèrent comme des "hérétiques".

- Nécessaire reconstruction -

"Agir contre le terrorisme ici en Irak, c'est aussi prévenir des actes terroristes sur notre propre sol", a martelé M. Hollande devant des instructeurs militaires français qui forment les troupes d'élite du contre-terrorisme (CTS) irakien engagées dans la lutte contre l'EI.

Si l'Irak, le pays où s'est développé l'EI, est régulièrement frappé par des attentats jihadistes contre des civils, la France a également été touchée, notamment à Paris et à Nice.

Pour prévenir de nouvelles attaques, M. Hollande a souhaité que les étrangers partis combattre dans les rangs de l'EI en Irak ou en Syrie "puissent être mis hors d'état de nuire". Ces combattants doivent être appréhendés à leur retour avant un processus de déradicalisation, a-t-il souligné à Bagdad où il a rencontré son homologue irakien Fouad Massoum puis le Premier ministre Haider al-Abadi.

La France est le deuxième contributeur de la coalition internationale agissant contre l'EI, derrière les Etats-Unis et devant la Grande-Bretagne ou l'Australie. Elle a effectué plus de 1.000 frappes et détruit environ 1.700 objectifs de l'EI dans ces deux pays du Moyen-Orient depuis son engagement en septembre 2014.

Outre 14 avions de chasse Rafale, environ 500 soldats français assurent des missions de conseil, de formation et d'appui d'artillerie en Irak aux forces engagées pour reprendre aux jihadistes la ville de Mossoul (nord). Ils ne participent toutefois pas directement aux combats au sol.

Lancée le 17 octobre, l'offensive pour reprendre à l'EI son fief de Mossoul, deuxième ville d'Irak, mobilise à l'heure actuelle le gros des troupes irakiennes engagées dans la lutte contre l'EI. Mais, en dépit du soutien des frappes aériennes de la coalition, elles font face à une forte résistance des jihadistes.

- Après Mossoul, Raqa -

Le Premier ministre irakien a jugé la semaine dernière que "trois mois" étaient encore nécessaires pour "éliminer l'EI".

De son côté le président français a estimé que la durée de la bataille de Mossoul se comptait désormais "en semaines". Mais, à la "victoire", devra nécessairement succéder la "reconstruction" de l'Irak, a-t-il prévenu.

Si Mossoul est le dernier bastion des jihadistes en Irak, ils conservent encore intégralement la ville syrienne de Raqa qui sera "le prochain objectif", selon M. Hollande.

Une alliance de forces arabo-kurdes soutenue par la coalition internationale s'est déjà rapprochée de cette ville du nord de la Syrie.

Après Bagdad, le président français s'est rendu à Erbil au Kurdistan irakien (nord), où il devait s'entretenir avec le président de cette région autonome, Massoud Barzani.

C'est au Kurdistan que sont stationnées les forces spéciales françaises qui conseillent les peshmergas kurdes irakiens engagés dans la bataille de Mossoul.

Malgré leur recul au plan militaire, les extrémistes continuent à viser régulièrement les populations civiles irakiennes au moyen d'attentats suicide ou de voitures piégées.

"Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme", avait averti samedi M. Hollande dans ses derniers voeux du Nouvel An.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.