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Pas d'extradition vers la Turquie d'un responsable kurde syrien (justice tchèque)


Lundi 19 mars 2018 à 18h07

Prague, 19 mars 2018 (AFP) — Le responsable kurde syrien Saleh Muslim, arrêté puis remis en liberté fin février à Prague, ne sera pas extradé vers la Turquie, en raison de l'arrêt de la procédure préalable d'extradition, a annoncé lundi la justice tchèque.

"Le parquet a clos la procédure préalable d'extradition car cette personne ne séjourne pas sur le territoire de la République tchèque", a déclaré à la presse la porte-parole du parquet, Stepanka Zenklova, ce qu'a confirmé à l'agence de presse CTK Miroslav Krutina, l'avocat de M. Muslim.

Ce responsable kurde syrien, 67 ans, fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication.

Ancien coprésident du Parti de l'union démocratique (PYD), M. Muslim avait été arrêté le 24 février à Prague où il participait à une conférence internationale confidentielle.

Il a été remis en liberté trois jours plus tard, après avoir promis qu'il ne quitterait pas le territoire de l'Union européenne, puis a quitté la République tchèque, sans qu'on connaisse sa destination.

Selon Me Krutina, avec l'arrêt de la procédure à Prague, il n'est plus "en principe" obligé de respecter la condition de rester dans l'UE.

Le PYD est considéré par Ankara comme une extension du PKK, qui est engagé dans une guérilla en Turquie depuis trois décennies.

Ce mouvement politique kurde syrien est aussi le bras politique des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, contre laquelle la Turquie a déclenché en janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

Saleh Muslim encourt en Turquie 30 peines de prison à perpétuité s'il y est jugé, selon le ministère turc de la Justice.

Ankara "peut continuer à demander aux pays où Saleh Muslim séjourne de l'arrêter et éventuellement de l'extrader", a encore déclaré M. Krutina.

Selon le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, Ankara ne "lâchera pas" Saleh Muslim, "même s'il se rend dans un autre pays".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.