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Niqabs et cadavres de jihadistes sur la route de Raqa


Jeudi 4 mai 2017 à 09h39

Mazraat Techrine (Syria), 4 mai 2017 (AFP) — Sur le front nord de Raqa, le sable est parsemé de niqabs abandonnés par les femmes fuyant le bastion du groupe État islamique (EI) à l'approche de l'assaut final d'une alliance de combattants arabes et kurdes de Syrie.

Soutenus par l'aviation de la coalition internationale sous commandement américain, ces combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) sont parvenus à se positionner à Mazraat Techrine, une localité à seulement 17 km de Raqa, et par endroits n'étaient plus qu'à une dizaine de km du fief jihadiste.

"La majorité des femmes arrachent leurs abayas et leurs niqabs dès qu'elles atteignent nos positions", laissant apparaître des robes colorées, raconte à l'AFP un combattant qui ne souhaite pas donner son nom.

"Certaines d'entre elles les piétinent même car elles sentent qu'elles en ont fini avec Daech", un acronyme arabe de l'EI, ajoute-t-il.

Ahmad s'estime chanceux d'avoir réussi à s'échapper il y a deux jours de Raqa en dépit des mesures brutales prises par l'EI pour empêcher les habitants de se sauver.

"Daech utilise les civils comme boucliers humains afin de se protéger. Nous avons fui en groupe mais des tireurs embusqués ont tué deux d'entre nous", confie-t-il.

Ces dernières semaines, des milliers de civils ont fui Raqa et ses environs alors que l'étau se resserre sur la "capitale" de l'EI, située dans le nord du pays et cible d'une vaste offensive des FDS.

- Jihadistes à 1 km -

A Mazraat Techrine, combattants et combattantes des FDS bouchent un tunnel utilisé selon eux par les jihadistes pour échapper aux raids de la coalition internationale et servant à transporter munitions et approvisionnements dans le secteur.

Un peu plus loin, d'autres entassent des sacs de sable à l'extérieur du village pour se protéger des voitures piégées et des tireurs embusqués que l'EI utilise régulièrement.

Des jihadistes se trouvent à moins d'un kilomètre de leurs positions.

Les FDS ont lancé leur offensive sur Raqa en novembre 2016, un mois après celle des forces irakiennes sur Mossoul, l'autre place forte du "califat" autoproclamé par l'EI en 2014.

Sur le bord de la route, des corps de combattants de l'EI présumés sont visibles à côté de carcasses de véhicules, témoignant de l'âpreté des combats dans le secteur.

Les raids de la coalition internationale "ont tué la majorité des jihadistes qui se trouvaient ici. Les autres ont péri durant nos opérations", déclare à l'AFP un combattant des FDS.

Selon lui, "l'EI a perdu une grande partie de ses capacités défensives. Les combats ne sont plus très intenses."

Mais malgré la pression croissante contre leurs fiefs, les jihadistes parviennent à frapper à d'autres endroits en commettant des attentats sanglants. Ils ont mené mardi une série d'attaques suicide près d'un camp de réfugiés dans le nord-est de la Syrie, faisant au moins 46 morts.

- La coalition en soutien -

Les FDS, qui se sont emparés de la majorité de la province de Raqa, ne sont plus qu'à 8 km de la ville éponyme.

Selon leur porte-parole, Talal Sello, l'encerclement de Raqa se poursuit, avant le lancement de l'assaut final sur la ville.

"Alors que nos troupes se rapprochent de plus en plus de Raqa, le nombre de militaires et de conseillers de la coalition internationale ne cesse de croître", a-t-il dit à l'AFP.

Les États-Unis ont dépêché 900 hommes en Syrie pour aider, former et conseiller ces combattants kurdes et arabes, ainsi qu'une unité d'artillerie des Marines.

Ahmad al-Hassan, un commandant local des FDS, assure que la coalition leur "a fourni des armes spéciales, dont de l'artillerie, des chars et missiles antichars".

Comme beaucoup de ses combattants, il porte un foulard sur la tête pour se protéger de la poussière alors qu'une tempête de sable est annoncée.

L'objectif des FDS est de "libérer entièrement" le fief jihadiste, en coordination avec la coalition, mais "Raqa ne sera que pour ses habitants", assure Ahmad al-Hassan.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.