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Militantes tuées: une association affirme que le suspect n'est pas Kurde


Mercredi 23 janvier 2013 à 15h43

PARIS, 23 jan 2013 (AFP) — Une organisation kurde en France a contesté mercredi que l'homme mis en examen pour l'assassinat à Paris de trois activistes kurdes, dont une figure historique du PKK, soit un Kurde ou un militant.

Le procureur de Paris François Molins a annoncé lundi la mise en examen d'Ömer Güney, présenté comme un ressortissant turc de 30 ans qui dit appartenir depuis deux ans au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie).

De son côté, une source proche du dossier a précisé que M. Güney, écroué depuis lundi, était né d'un père kurde mais d'une mère non kurde.

"Contrairement à ce qu'affirme la presse pour alimenter la thèse du règlement de comptes interne au PKK, Ömer Güney, individu mis en examen dans le meurtre de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, n'est pas Kurde, (encore moins) un militant kurde", affirme dans un communiqué le Centre d'information kurde (CIK).

C'est dans les locaux du CIK qu'ont été exécutées les trois femmes le 9 janvier. M. Molins avait indiqué que M. Güney avait été désigné par le PKK comme le "chauffeur et l'accompagnateur" à Paris de Mme Cansiz, elle-même présentée par des médias turcs comme une membre fondatrice du PKK.

"Ömer Güney s'était rapproché du milieu associatif kurde à partir de novembre 2011, en adhérant à une association kurde. Il affichait une attitude humble, innocente et serviable par laquelle il avait gagné la confiance de la communauté", selon le CIK.

"Après son arrestation, l'on a appris qu'il n'était pas kurde comme il le prétendait, mais turc de la région de Sivas, issu d'une famille proche de l'extrême droite nationaliste turque", affirme le communiqué.

M. Molins avait indiqué qu'Ömer Güney est né en avril 1982 à Sarkisla, dans la région d'Anatolie centrale. Selon une source proche du dossier, il a quitté la Turquie de très longue date.

"Toutes les pistes restent ouvertes en ce qui concerne le motif de ce triple assassinat", avait déclaré M. Molins.

Une centaine de membres de la communauté kurde, en majorité des femmes, se sont rassemblés dans l'après-midi devant les locaux du CIK, pour "réclamer justice". "Nous voulons que les assassins soient retrouvés", pouvait-on lire sur une banderole, alors que les manifestants brandissaient des portraits des trois victimes.

"Nous nous rassemblerons ici tous les mercredi jusqu'à ce qu'on connaisse la vérité", a déclaré à l'AFP Helin Gündüz, membre d'une association kurde. "C'est un crime horrible qui a profondément touché la communauté. On se sentait protégé ici en France et tant qu'on ne connaîtra pas les coupables, on se sentira en danger".

Concernant le mis en examen, la jeune femme, qui dit l'avoir déjà rencontré, a estimé que "cette personne a pu collaborer, mais elle n'a pas pu agir seule". "C'est un assassinat politique exécuté très professionnellement. Ce n'est pas un règlement de compte interne", a-t-elle insisté.

Sous couvert de l'anonymat, un spécialiste de la mouvance kurde avait indiqué à l'AFP que plusieurs pistes étaient envisageables.

Ce crime pourrait selon lui être un règlement de comptes au sein de la mouvance kurde lié aux négociations en cours entre Ankara et le PKK, un acte du mouvement d'extrême droite turc des "Loups gris", un crime crapuleux, voire être lié à un différend personnel.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.