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Manifestation pour réclamer "la justice" dans l'assassinat des trois militantes kurdes en 2013


Mercredi 6 janvier 2016 à 18h06

Paris, 6 jan 2016 (AFP) — Environ 150 personnes ont défilé mercredi pour saluer la mémoire de trois militantes kurdes assassinées en 2013 à Paris et réclamer "la justice", alors que les enquêteurs soupçonnent une implication des services secrets turcs.

Les manifestants ont défilé aux cris de "Nous voulons la justice", "A bas le régime fasciste en Turquie" jusqu'au 147 rue Lafayette, siège du Centre d'information du Kurdistan (CIK) dans le Xe arrondissement de la capitale où Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) réputée proche de son chef historique Abdullah Öcalan, Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, ont été abattues le 9 janvier 2013 de plusieurs balles dans la tête.

Ils ont ensuite déposé une dizaine de gerbes devant le bâtiment et allumé des bougies.

"La justice a établi des liens entre le présumé assassin et les services secrets turcs, il est du devoir des autorités françaises de demander à la Turquie plus de renseignements sur la nature de ces relations. Pourquoi ne le font-elles pas? Pourquoi ce silence assourdissant? Quel chantage utilise (le président Recep Tayyip) Erdogan?", a demandé la coprésidente du Conseil démocratique kurde en France, Cemile Renklicay.

"C'est un manque de reconnaissance. Les Kurdes combattent en première ligne contre Daech, qui n'est pas une menace que pour les Kurdes mais pour l'humanité", a-t-elle rappelé.

"On nous avait dit que c'était un combat impossible, que la France n'a jamais reconnu les crimes d'Etat mais on a progressé et nous continuerons à transmettre cette histoire pour que, maintenant que nous avons la vérité, nous ayons un jour la justice complète", a lancé la présidente de l'association France-Kurdistan, Sylvie Jan.

Dans le cadre de ce triple assassinat, la justice française a renvoyé devant les assises Omer Güney.

Ce Turc de 33 ans, infiltré dans le milieu associatif kurde à partir de 2011, a été filmé par les caméras de vidéosurveillance entrant dans l'immeuble peu avant les crimes. L'ADN d'une victime a été retrouvé sur sa parka et sa sacoche contenait des traces de poudre.

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont la conviction d'une "implication" des services secrets turcs, le MIT, "dans l'instigation et la préparation des assassinats", mais ils n'ont pas réussi à établir si le MIT en était le commanditaire ou si certains de ses membres avaient pu agir à son insu.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.