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Macron met en garde la Turquie contre toute volonté d'"invasion" de la Syrie


Mercredi 31 janvier 2018 à 13h15

Paris, 31 jan 2018 (AFP) — Emmanuel Macron met en garde la Turquie contre toute velléité d'"invasion" de la Syrie, après les assauts menés conjointement par l'armée turque et ses alliés arabes syriens contre une milice kurde dans le nord-ouest du pays.

"S'il s'avérait que cette opération devait prendre un autre tour qu'une action pour lutter contre un potentiel (risque) terroriste menaçant la frontière turque et que c'était une opération d'invasion, à ce moment, cette opération nous poserait un problème réel", prévient le chef de l'Etat, cité dans un article mis en ligne mercredi par Le Figaro.

"Cette idée est fondamentalement erronée. Le monde entier sait et doit savoir que la Turquie n'agit absolument pas dans une logique d'invasion", a réagi le Premier ministre turc Binali Yildirim lors d'une conférence de presse télévisée à Ankara.

Il a affirmé que l'objectif de l'offensive d'Afrine était similaire à celui de l'opération Bouclier de l'Euphrate que la Turquie avait lancée en août 2016 dans un autre secteur du nord de la Syrie pour en chasser les jihadistes du groupe Etat islamique et les milices kurdes.

L'armée turque a intensifié mardi ses raids aériens sur la région kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie, plus d'une semaine après le lancement d'une offensive visant à chasser les combattants kurdes de ce secteur frontalier de la Turquie.

Malgré les appels à la retenue, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé que l'offensive ne s'arrêterait pas "avant l'élimination de la menace terroriste" à la frontière turque, en allusion aux YPG, considérés comme "terroristes" par Ankara.

"J'ai appelé tout de suite à la précaution et à la retenue et évoqué dès les premières heures (de cette offensive) la préoccupation qui était la nôtre", rappelle le président Macron.

L'opération menée par la Turquie "suppose d'avoir des discussions et de prendre des décisions à la fois entre Européens, mais plus largement entre alliés. Car elle change la nature de cette incursion turque et c'est pour cela que je vais parler dans les prochains jours à nouveau avec Erdogan", ajoute-t-il.

"Je souhaite travailler avec les Jordaniens qui accueillent beaucoup de réfugiés et, autour des Jordaniens, que l'on puisse construire une véritable solution inclusive avec les Saoudiens, les Américains et les Égyptiens", indique M. Macron. "Je souhaite convaincre les Turcs et les Russes qu'on peut construire cette solution véritablement inclusive, et alors l'opposition syrienne viendra (aux négociations) et les Russes doivent y amener le régime" syrien, enchaîne-t-il.

Selon M. Macron, "avec cet élément de stabilité et la protection des frontières, il y aura les éléments de sécurité attendus par la Turquie. Mais on ne peut pas avoir une sécurité bâtie sur le terrain sans respect de la souveraineté syrienne contre un ennemi (les Kurdes) qui n'est plus Daech".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.