Page Précédente

Les protagonistes des législatives anticipées en Turquie


Dimanche 25 octobre 2015 à 09h02

Istanbul, 25 oct 2015 (AFP) — Les Turcs sont appelés le 1er novembre à choisir leurs députés lors d'élections législatives anticipées marquées par la reprise des combats entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes et l'attentat-suicide, attribué aux jihadistes, qui a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara.

Voici les principaux acteurs de ce scrutin:

- Ahmet Davutoglu, le fidèle Premier ministre

Le chef du gouvernement sortant a la difficile tâche de redonner au Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) la majorité absolue au Parlement, perdue lors des législatives du 7 juin après treize ans d'hégémonie.

Âgé de 56 ans, ce fidèle du président Recep Tayyip Erdogan fait campagne en multipliant les promesses et jure, si les électeurs remettent l'AKP "seul aux commandes", d'anéantir les "terroristes", rebelles kurdes et jihadistes.

Mais l'opposition reproche à son gouvernement ses ambigüités vis-à-vis du groupe Etat islamique (EI) des "négligences" et le tient personnellement responsable d'avoir entraîné la Turquie dans le bourbier syrien lorsqu'il était chef de la diplomatie.

- Recep Tayyip Erdogan, le "sultan" adulé ou haï

Seul maître du pays pendant son règne à la tête du gouvernement (2003-2014), Recep Tayyip Erdogan s'efforce depuis son élection à la présidence en août 2014 de conserver sa mainmise exclusive sur la vie du pays.

Mais le revers subi le 7 juin par son parti a mis fin, au moins provisoirement, à ses rêves de "superprésidence". Omniprésent lors de la dernière campagne, le chef de l'Etat, 61 ans, s'est fait plus discret, mais reste déterminé à réformer la Constitution.

En plus de l'accuser dérive autoritaire et islamiste, ses adversaires lui reprochent de jouer la stratégie de la tension pour parvenir à ses fins et d'être le principal responsable de la polarisation extrême du pays.

- Selahattin Demirtas, l'homme à abattre

Etoile montante de la politique turque, le coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) est largement crédité du succès de son parti le 7 juin, qui a raflé 80 sièges de députés et contribué à priver l'AKP de la majorité absolue.

Cet avocat de 42 ans a réussi à élargir l'audience du HDP au-delà de la seule cause kurde en le transformant en une formation de gauche moderne, défendant les droits des femmes et des minorités.

Bête noire du président Erdogan et de l'AKP qui l'accusent de complicité avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), M. Demirtas a été contraint de faire une campagne discrète après l'attentat d'Ankara, qui a visé notamment des militants prokurdes.

- Le PKK, l'ennemi de trente ans

Le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme un mouvement terroriste par la Turquie et ses alliés de l'Otan, mène depuis plus de 30 ans une lutte contre le pouvoir central d'Ankara qui a fait quelque 40.000 morts.

Après plus de deux ans de pourparlers de paix, il a mis un terme l'été dernier au cessez-le-feu unilatéral et repris sa campagne d'attentats contre les forces de sécurité turque, accusant le régime de M. Erdogan de l'avoir trompé en soutenant, contre lui, les jihadistes de l'EI.

Le PKK a décrété une trêve, peu respectée, il y a deux semaines pour ne pas gêner le HDP avant les élections.

- Le groupe Etat islamique, la nouvelle menace

La Turquie s'est longtemps crue protégée de l'EI, en guerre contre les Kurdes de Syrie et le régime du président syrien Bachar al-Assad, la bête noire d'Ankara. La Turquie a longtemps été soupçonnée de fermer les yeux sur les activités des jihadistes, voire de les soutenir.

Sous la pression de ses alliés, le régime de M. Erdogan a toutefois été contraint d'intervenir militairement contre l'EI après l'attentat de Suruç (sud), en juillet, et de rejoindre la coalition antijihadiste.

Le double attentat-suicide d'Ankara, qui porte la marque de l'EI, a prouvé que la Turquie figure désormais parmi ses ennemis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.