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Les principaux jihadistes français réclamés par la justice française


Mardi 5 février 2019 à 13h27

Paris, 5 fév 2019 (AFP) — Vétérans, propagandistes, recruteurs: le point sur les principales figures françaises du jihad réclamées par la justice, parmi lesquelles plusieurs sont aux mains des forces kurdes et pourraient être remises prochainement à la France.

Thomas Barnouin, Adrien Guihal et Emilie König

Plusieurs Français font partie des quelque 900 jihadistes étrangers aux mains des Unités de protection du Peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie.

- Thomas Barnouin, 37 ans, est un vétéran du jihad. Objet d'un mandat de recherche, cet Albigeois a été arrêté en décembre 2017 par les YPG, avec cinq autres jihadistes français qui prétendaient fuir l'organisation Etat islamique (EI), alors en pleine déroute.

"Il avait surtout un rôle théologique (cours de charia, propagande) et faisait partie de la branche la plus radicale de l'EI", décrivait l'an passé une source proche du dossier.

Converti à l'islam vers l'an 2000, il était apparu dans la filière dite d'Artigat (Ariège), une importante nébuleuse jihadiste dans laquelle ont gravité Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse et Montauban en 2012, et les frères Clain, qui ont revendiqué les attentats du 13-Novembre pour l'EI.

Condamné en 2009 pour une première tentative de rejoindre le jihad en Irak, il était reparti en Syrie en février 2014 avec sa femme et ses enfants.

- Adrien Guihal, 33 ans, a été identifié comme la voix de la revendication par l'EI, jugée opportuniste, de l'attentat de Nice en 2016. Capturé en mai 2018 à Raqqa - ex-capitale de l'EI en Syrie - il avait rejoint la région trois ans plus tôt et faisait depuis l'objet d'une enquête préliminaire en France.

Connu sous le nom d'Abou Oussama al-Faransi, il a oeuvré au sein des organismes médiatiques de l'organisation, dont l'agence de propagande Amaq. C'est aussi par sa voix que l'EI a revendiqué l'assassinat à Magnanville (Yvelines) d'un couple de policiers en juin 2016.

Il avait été arrêté en 2008 pour un projet d'attentat contre les renseignements généraux à Paris. À sa sortie de prison, en 2012, celui qui se faisait aussi surnommer Hamza avait codirigé un garage automobile dans le Val-d'Oise, fréquenté par d'autres jihadistes.

"Il est très méchant (...) C'est le plus radical", "un psychopathe", l'a décrit un ancien du groupe interrogé par les enquêteurs.

- Emilie König, 34 ans, est l'une des jihadistes françaises les plus connues. Retenue au camp de Roj (nord Syrie), avec d'autres femmes et des enfants, elle est accusée d'avoir recruté pour l'EI et appelé à commettre des attaques en Occident.

Au printemps 2012, elle refuse de retirer son niqab au tribunal et provoque une altercation qu'elle diffuse sur YouTube. Dans la foulée, elle laisse ses deux enfants en France et rejoint son nouveau compagnon en Syrie, où elle aura trois autres enfants.

Régulièrement apparue dans des vidéos de propagande, elle avait été placée par l'ONU sur sa liste noire des combattants les plus dangereux.

Les frères Clain, "voix" du 13-Novembre

Ces figures de l'EI, proches de la cellule ayant perpétré les attentats de Paris et Bruxelles en 2015-2016, étaient considérés l'an dernier comme toujours en vie et résolus à poursuivre le combat.

Fabien Clain, 40 ans, a enregistré le message audio revendiquant les attentats du 13-Novembre. Son frère Jean-Michel, 38 ans, a été identifié comme le psalmodieur des Anasheeds - chants religieux- entendus dans l'enregistrement.

Estimant avoir démontré leur implication, les juges d'instruction ont émis un mandat d'arrêt contre eux en juin 2018.

Converti à l'islam dans les années 1990, Fabien Clain, alias "frère Omar", et son frère se seraient radicalisés au début des années 2000. En 2009, il est condamné à 5 ans de prison, aux côtés de Thomas Barnouin, dans l'affaire de la filière dite d'Artigat.

Les proches du tueur de l'Hypercacher

Trois proches d'Amédy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et de l'Hypercacher en janvier 2015, ont été renvoyés aux assises dans ce dossier, en leur absence: sa compagne Hayat Boumedienne et les frères Belhoucine, tous deux considérés morts.

- Mohamed Belhoucine est accusé d'avoir été un mentor de Coulibaly, côtoyé en prison. Cet ancien étudiant ingénieur est considéré comme l'auteur du serment d'allégeance à l'EI lu par Coulibaly dans sa revendication et qui a pu lui ouvrir le canal de communication avec un commanditaire. Quelques jours avant les attaques, il a rejoint la zone irako-syrienne avec son frère Mehdi et Hayat Boumedienne.

- Hayat Boumedienne, 30 ans, est accusé d'avoir participé à des escroqueries aux véhicules afin de financer les projets de Coulibaly, épousé religieusement.

Omar Diaby

Visé par un mandat d'arrêt, Omar "Omsen" Diaby, né en 1976, est considéré comme un recruteur de dizaines de jihadistes. La katiba (cellule combattante) qu'il commande, un temps estimée à une trentaine de jeunes Français, la plupart originaires comme lui de la région de Nice, a prêté allégeance au Front al Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. Cet ancien délinquant affirme combattre l'armée syrienne à l'écart de l'EI.

En août 2015, il avait fait circuler l'annonce de sa mort "afin de pouvoir sortir de Syrie pour subir une importante opération chirurgicale dans un pays voisin", sans être repéré par les services de renseignement, avait-il expliqué dans une interview à France 2 neuf mois plus tard.

S'il n'est pas directement soupçonné d'avoir organisé des attentats, Omar Omsen n'en a pas moins approuvé celui contre Charlie Hebdo. "Ceux qui ont insulté le prophète ont été exécutés. Il fallait faire ce que les frères Kouachi ont fait. J'aurais voulu être choisi pour faire cela", avait-il déclaré.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.