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Les bâtonniers français dénoncent la "persécution" des avocats en Turquie


Mercredi 16 mars 2016 à 17h08

Paris, 16 mars 2016 (AFP) — Les bâtonniers français, représentés par la Conférence des bâtonniers, ont dénoncé mercredi la "persécution" dont sont victimes leurs collègues en Turquie, où la police vient d'arrêter huit avocats d'une association défendant la cause kurde.

"Ces avocats sont les victimes d'une véritable persécution: l'Etat turc tente de les bâillonner parce qu'ils ne font qu'assurer la défense d'opposants politiques", a déploré dans un communiqué la Conférence, qui regroupe les 160 bâtonniers de France.

La Conférence "s'inquiète légitimement de ces nouvelles arrestations" après l'assassinat non encore élucidé du bâtonnier de Diyarbakir Tahir Elçi le 25 novembre 2015 et alors qu'"aujourd'hui même se tient à Istanbul un procès politique contre de nombreux avocats ayant été pour certains incarcérés pendant plusieurs années pour avoir défendu des militants kurdes".

Le barreau de Paris, qui suit cette affaire depuis six ans, a aussi fait part de son indignation dans un communiqué: "Nous ne pouvons accepter qu'un avocat soit arrêté parce qu'il veut plaider", a fortiori dans "cette Turquie alliée de la France depuis toujours".

"Arrêter un confrère turc revient à arrêter un confrère parisien", poursuit le texte, précisant qu'une avocate du barreau de Paris s'est "immédiatement rendue à Istanbul" pour apporter le soutien des quelque 27.000 avocats parisiens.

Huit avocats de l'Association des avocats libertaires (OHO), qui défend la cause kurde, ont été arrêtés lors d'une rafle de la police à Istanbul tôt mercredi, trois jours après un attentat suicide meurtrier à Ankara attribué par les autorités au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ces interpellations interviennent dans la foulée de déclarations du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui, après l'attentat qui a fait 35 tués dimanche à Ankara, a plaidé pour un élargissement de la définition des crimes terroristes en Turquie.

"L'Etat turc ne peut, au prétexte de la commission d'odieux et lâches attentats, s'en prendre aux avocats qui, à travers leur mission de défense, ne font que respecter leur serment", ont plaidé les bâtonniers français.

La Conférence "appelle le gouvernement français à intervenir auprès de l'Etat turc pour que cessent ces atteintes à l'exercice professionnel des avocats et ces violations des droits de l'homme et de la défense".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.