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Le représentant de RSF en Turquie et un autre militant remis en liberté conditionelle (RSF)


Jeudi 30 juin 2016 à 15h15

Istanbul, 30 juin 2016 (AFP) — Le représentant de Reporters Sans Frontières (RSF) en Turquie, Erol önderoglu, et un autre militant, écroués il y a dix jours pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, ont été remis jeudi en liberté conditionnelle, a annoncé RSF à l'AFP.

La seconde personne libérée de prison est Sebnem Korur Fincanci, la présidente de la Fondation des Droits de l'Homme (TIHV), ont indiqué les médias locaux.

Un troisième militant, Ahmet Nesin, un écrivain-journaliste, inculpé et incarcéré avec eux pourrait éventuellement lui aussi retrouver prochainement la liberté en fonction d'une décision des juges, a-t-on souligné de mêmes sources.

Les poursuites judiciaires à leur encontre ne seront cependant pas abandonnées. Un procureur d'Istanbul a réclamé jusqu'à 14 ans et demi de réclusion criminelle pour les trois personnes pour avoir participé à une campagne de solidarité avec un quotidien pro-kurde.

Le secrétaire général de RSF Christophe Deloire s'est réjoui de la libération des deux militants, dont son correspondant en Turquie depuis 1996. "On n'était pas d'un optimisme débridé même si le dossier est totalement vide", a déclaré M. Deloire joint par l'AFP à Munich. "Il y a déjà eu un refus de mise en liberté (la semaine dernière, ndlr) et vraisemblablement la pression internationale a beaucoup joué," a-t-il dit.

M. Deloire s'est demandé "si la concomitance de la libération (du correspondant de RSF) avec la reprise des négociations d'admission de la Turquie avec l'Union européenne" à Bruxelles "n'est qu'une coïncidence, ou s'il y a un lien".

M. Önderoglu avait été récemment transféré de la prison stambouliote de Metris à celle de Silivri, dans la banlieue d'Istanbul.

Les trois militants avaient pris en mai symboliquement à tour de rôle la direction éditoriale du journal Özgür Gündem, dans le collimateur de la justice et des autorités turques qui l'ont obligé plusieurs fois à fermer.

Ces arrestations ont entraîné une avalanche de protestations en Turquie et à l'étranger. La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.

Le régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, est accusé de museler la presse indépendante en Turquie et d'avoir ces derniers mois multiplié les coups de butoir contre les médias.

L'Union européenne notamment s'est alarmée des restrictions de la liberté de la presse en Turquie avec son cortège de poursuites contre des journalistes et de prises de contrôle de journaux et de télévisions.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.