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Le quotidien turc Hurriyet affirme avoir été attaqué par un groupe pro-Erdogan


Lundi 7 septembre 2015 à 03h09

Istanbul, 7 sept 2015 (AFP) — Des partisans du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) ont attaqué dimanche à Istanbul le siège du journal turc Hurriyet, l'accusant d'avoir déformé des propos du président Recep Tayyip Erdogan, selon le journal.

Un groupe de 150 personnes scandant des slogans de l'AKP ont jeté des pierres sur l'immeuble du journal, dans le quartier de Bagcilar. Des fenêtres ainsi que la porte principale ont été cassées.

La police anti-émeute est intervenue pour disperser le groupe, a indiqué le média sur son site internet.

Le président islamo-conservateur Erdogan a déclaré dimanche, à propos des violences récemment survenues dans le pays, que la situation serait différente si les élections du 7 juin avaient permis à l'AKP d'obtenir 400 députés, ce qui lui aurait permis de modifier la Constitution.

"Si un parti avait obtenu 400 sièges aux élections et atteint le nombre requis au parlement pour changer la Constitution, la situation serait différente", a dit M. Erdogan dans une interview en direct sur la chaîne pro-gouvernementale A-Haber.

Cette déclaration intervenait alors que des soldats turcs avaient été tués dimanche dans une attaque d'envergure attribuée aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la localité de Daglica, dans le sud-est de la Turquie.

Le journal Hurriyet avait laissé entendre dans un tweet que cette déclaration faisait référence à l'attaque de Daglica, écrivant: "Commentaire d'Erdogan sur Daglica: ceci ne serait pas arrivé si 400 sièges avaient été gagnés".

Le journal a ensuite effacé son tweet, qui a provoqué une vague de protestation des partisans de l'AKP sur Twitter, appelant à des protestations contre le journal.

Par le passé, le président a critiqué à plusieurs reprises le groupe de presse Dogan, propriétaire du journal, qui ne suit pas toujours la ligne du gouvernement.

L'attaque contre le journal intervient dans un contexte d'inquiétude grandissante pour la liberté de la presse en Turquie, où les journalistes critiques à l'égard de M. Erdogan risquent des poursuites judiciaires.

Les résultats de l'AKP lors du scrutin du 7 juin ne lui ont pas permis d'obtenir une majorité absolue, qui aurait donné au président la possibilité de changer la Constitution, dans le but d'obtenir les pleins pouvoirs exécutifs. Le Parti démocratique du peuple (HDP, pro-kurde) avait obtenu 13% des voix.

M. Erdogan a convoqué des élections anticipées, fixées au 1er novembre.

Ses détracteurs l'accusent d'avoir lancé une offensive militaire contre des positions du PKK en Irak dans le but de recueillir les suffrages des nationalistes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.