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Le Premier ministre turc s'excuse pour des exactions antikurdes en 1937-38


Mercredi 23 novembre 2011 à 13h44

ANKARA, 23 nov 2011 (AFP) — La Turquie s'est pour la première fois excusée, par la voix de son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, pour une violente campagne armée visant à mater une rébellion kurde survenue dans l'est du pays dans les années 1930, ayant fait des milliers de morts.

"S'il est nécessaire que l'on s'excuse au nom de l'Etat (...), je m'excuserai et je m'excuse", a-t-il dit lors d'un discours devant des membres de son parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) à Ankara.

Citant un document officiel de l'époque, il a évoqué un bilan de 13.806 tués lors des bombardements aériens et terrestres suivis d'exactions et d'exécutions sommaires dans la province du Dersim, dont le nom a ensuite été changé en Tunceli, peuplée de Kurdes alevis -- une confession musulmane hétérodoxe, proche du chiisme.

M. Erdogan a ainsi brisé un tabou en Turquie sur ces massacres, qui auraient, selon différentes sources, fait plusieurs dizaines de milliers de tués.

"Dersim constitue l'un des événements les plus tragiques et douloureux de notre histoire contemporaine", a souligné M. Erdogan, estimant que toute la lumière devait être faite sur ce dossier.

Il a aussi appelé le principal parti d'opposition au Parlement, le CHP (Parti républicain du peuple), fondé par Atatürk et qui a gouverné sans partage la Turquie jusqu'en 1946, à assumer ses responsabilités dans cette affaire.

Le CHP est actuellement dirigé par Kemal Kiliçdaroglu, lui-même originaire du Dersim.

"Ceux qui n'ont pas le courage de faire un travail de mémoire sur les pages sombres de leur histoire ne peuvent bâtir d'avenir", a ajouté M. Erdogan.

Récemment, un député du parti de M. Erdogan a proposé de débaptiser l'aéroport international Sabiha Gökçen, du nom de la fille adoptive de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque en 1923, qui avait activement participé en tant que pilote aux bombardements du Dersim.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.