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La Turquie veut s'engager plus activement dans une solution de crise en Syrie


Samedi 20 août 2016 à 17h23

Istanbul, 20 août 2016 (AFP) — La Turquie souhaite être "plus active" sur la crise syrienne dans les six mois pour tenter de faire "cesser le bain de sang", a annoncé samedi son Premier ministre, sans toutefois fournir d'indication sur une plus grande implication turque.

"Nous disons que le bain de sang doit cesser. Les bébés, les enfants, les innocents ne devraient pas mourir", a dit le chef du gouvernement Binali Yildirim à la presse étrangère au sujet du conflit qui a fait en cinq ans et demi plus de 290.000 morts de l'autre côté de sa frontière.

"C'est la raison pour laquelle la Turquie va être plus active en essayant d'empêcher (la situation) de s'aggraver au cours des six prochains mois", a dit M. Yildirim.

Il n'a pas précisé les contours d'une plus grande intervention d'Ankara qui soutient les rebelles, participe à la coalition menée par les Etats-Unis contre le groupe Etat islamique (EI), met à sa disposition la base d'Incirlik (sud) pour les frappes antijihadistes et encore récemment réclamait le départ du président Bachar al-Assad.

Mais Ankara s'est réconcilié avec la Russie et a accéléré ses contacts avec l'Iran, avec l'échange de visites des chefs de la diplomatie turque et iranienne en une seule semaine. La Russie comme l'Iran soutiennent activement Bachar al-Assad.

"Que nous l'aimions ou pas, Assad est aujourd'hui l'un des acteurs" de la guerre dans ce pays et il est possible de "lui parler pour la transition", a dit M. Yildirim, tout en ajoutant: "en ce qui concerne la Turquie cela est hors de question" de le faire.

"Nous pensons que le PKK, Daech et Assad ne devraient pas faire partie de l'avenir de la Syrie", a-t-il dit, en référence aux combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan et à l'EI, ajoutant que la Turquie, l'Iran, la Russie et les Etats-Unis devaient oeuvrer ensemble à une solution.

"Nous allons travailler davantage. L'instabilité (en Syrie) nous fait souffrir", a ajouté M. Yildirim, dont le pays accueille 2,7 millions de réfugiés syriens.

Interrogé sur Incirlik, M. Yildirim a indiqué que la Russie n'avait pas demandé à utiliser la base parce qu'elle n'en a pas besoin", disposant déjà "de deux bases en Syrie".

- 'Menace pour la Syrie aussi' -

Livrant la première réaction turque aux frappes syriennes sans précédent contre les combattants kurdes à Hassaké (nord-est), M. Yildirim s'est réjoui que Damas ait "compris" que les Kurdes devenaient "une menace pour la Syrie aussi".

"C'est une situation nouvelle" et "il est clair que le régime (syrien) a compris que la structure que les Kurdes tentent de former dans le nord (de la Syrie) a commencé à devenir une menace pour la Syrie aussi", a déclaré M. Yildirim, au sujet de l'ambition des Kurdes de relier les unes aux autres les régions sous leur contrôle, de l'autre côté de la frontière turque.

La Turquie ne veut surtout pas voir les Kurdes constituer une unité territoriale à ses portes. Elle livre une guerre interminable et très meurtrière dans le sud-est anatolien aux "terroristes" du PKK depuis 1984, un conflit qui a connu cette semaine une nouvelle flambée tout en gagnant l'est du pays.

Les avions de combat du régime syrien ont frappé jeudi et vendredi des secteurs tenus par les Kurdes à Hassaké, dont les deux-tiers sont contrôlés par les Kurdes et le reste par le régime.

C'était la première fois depuis le début du conflit en mars 2011 en Syrie que l'armée de l'air frappait des positions kurdes.

Ce tournant a poussé les Etats-Unis à intervenir pour la première fois directement contre le régime syrien en dépêchant des avions pour protéger leurs forces spéciales qui conseillent les combattants kurdes en Syrie.

Mais l'aviation syrienne survolait samedi de nouveau Hassaké, en dépit de la mise en garde américaine.

Les combattants kurdes du YPG, branche syrienne du PKK selon Ankara, sont devenus, notamment pour Washington, la force la plus efficace contre les jihadistes de l'EI.

Jeudi, une source gouvernementale locale syrienne avait affirmé à l'AFP que les bombardements étaient "un message aux Kurdes pour qu'ils cessent de faire ce genre de revendications (territoriales) qui touchent à la souveraineté nationale", alors que ceux-ci ont déjà auto-proclamé en mars une "région fédérale".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.