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La Turquie somme le Kurdistan irakien d'annuler son référendum


Jeudi 14 septembre 2017 à 16h28

Ankara, 14 sept 2017 (AFP) — La Turquie a sommé jeudi le Kurdistan irakien d'annuler la tenue d'un référendum sur son indépendance, le porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan avertissant qu'un tel scrutin aurait pour conséquence d'"isoler" Erbil.

"Nous attendons des autorités du Kurdistan irakien à Erbil qu'elles reviennent sur cette mauvaise décision sans délai", a déclaré Ibrahim Kalin, porte-parole du chef de l'Etat turc, lors d'une conférence de presse à Ankara.

La tenue du scrutin "renforcerait leur isolement, car, comme vous pouvez le constater, pas un pays, en dehors d'Israël, ne soutient l'organisation de ce référendum sur l'indépendance", a poursuivi M. Kalin.

La consultation populaire est prévue le 25 septembre dans cette région du nord de l'Irak bénéficiant depuis 1991 d'une autonomie qui s'est élargie au fil des ans.

Ankara et les autorités du Kurdistan irakien entretiennent des rapports complexes : si leurs échanges commerciaux sont florissants, la Turquie élève régulièrement la voix pour critiquer le projet de création d'un Etat kurde indépendant.

La Turquie est confrontée à une sanglante rébellion séparatiste dans le sud-est de son propre territoire, et redoute l'effet contagieux que pourrait avoir la création d'un Etat kurde à sa frontière.

Signe de la menace stratégique que représente aux yeux d'Ankara la création d'un Etat kurde, l'armée turque a lancé l'an dernier une offensive terrestre dans le nord de la Syrie pour, notamment, empêcher la jonction des territoires contrôlés par des milices kurdes.

Visiblement excédé, le ministère turc des Affaires étrangères a prévenu sans prendre de gants jeudi que la tenue du référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien aurait "un prix", sans préciser lequel.

Le Parlement du Kurdistan, qui n'a pas siégé depuis plus de deux ans, se prononcera vendredi sur l'organisation de ce référendum, annoncé en juin par le président de la région autonome Massoud Barzani.

Les responsables kurdes ont affirmé qu'une victoire du "oui" n'entraînerait pas aussitôt l'annonce de l'indépendance, mais leur permettrait de lancer, en position de force, de nouvelles négociations avec le pouvoir à Bagdad.

Mais l'opposition de la Turquie à l'indépendance du Kurdistan irakien est susceptible de compromettre la viabilité d'un éventuel Etat kurde.

Le Kurdistan irakien tire en effet ses principales recettes de l'exportation du pétrole, et celle-ci se fait via un oléoduc arrivant au port turc de Ceyhan.

Interrogé jeudi sur l'éventualité de sanctions économiques turques en cas de référendum, le porte-parole de M. Erdogan a souligné que la tenue du scrutin aurait "assurément des conséquences".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.