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La Turquie face au conflit syrien: les étapes-clés


Vendredi 26 août 2016 à 14h11

Istanbul, 26 août 2016 (AFP) — Les principales étapes de l'engagement, face au conflit syrien, de la Turquie, qui vient de lancer une importante opération militaire dans le nord de la Syrie.

- La Turquie lâche Assad -

En septembre 2011, six mois après le début des manifestations pacifiques contre Bachar al-Assad réprimées dans le sang, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le président syrien était encore un "ami" quelques mois plus tôt, lance: "le peuple syrien ne croit pas Assad, moi non plus". "Je crains que les choses ne tournent à la guerre civile entre alaouites et sunnites". La minorité alaouite, branche de l'islam chiite, détient les postes-clés du pouvoir en Syrie.

Se rangeant aux côtés des puissances occidentales, Ankara va s'engager dans une escalade verbale et diplomatique contre son voisin, avant de prendre des sanctions à son égard.

- Ankara héberge les dirigeants de l'opposition -

En octobre 2011, après plusieurs réunions sur le sol turc, des opposants annoncent la création d'un Conseil national syrien réunissant les courants politiques opposés au régime.

Un colonel déserteur syrien, réfugié en Turquie, avait fondé en juillet l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes pour combattre les forces du régime.

Fin 2012, la Turquie reconnaît la nouvelle Coalition de l'opposition en tant que "seule représentante légitime du peuple syrien".

- Accusé de complaisance envers les jihadistes -

En septembre 2014, les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) attaquent Kobané, frontalière de la Turquie, puis entrent dans cette cité, qui devient le théâtre d'une guérilla urbaine.

La Turquie, accusée de fermer les yeux sur le passage en Syrie des jihadistes de l'EI, refuse d'intervenir militairement au profit des forces kurdes contre les jihadistes, malgré les pressions de ses alliés.

Elle avait exprimé à plusieurs reprises sa crainte de voir émerger en Syrie une région autonome tenue par les milices kurdes proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement armé actif depuis 1984 sur le sol turc.

Fin janvier, Kobané est reprise par les Kurdes syriens, appuyés par les frappes de la coalition internationale.

- Rejoint la coalition antijihadistes -

Le 20 juillet 2015, la Turquie est rattrapée par le conflit en Syrie, avec un attentat attribué à l'EI à Suruç, près de la frontière syrienne (34 morts).

Le président Erdogan lance une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le PKK et l'EI.

En août, Ankara rejoint la coalition contre l'EI menée par les Etats-Unis, puis resserre ses contrôles dans les aéroports et à sa frontière. Des cellules jihadistes sont démantelées après plusieurs attentats attribués à l'EI dont celui qui vise en octobre la gare centrale d'Ankara (103 morts).

- Réconciliation avec Moscou -

Le 9 août 2016, le président Erdogan rencontre à Saint-Pétersbourg Vladimir Poutine, après neuf mois de brouille, suite à la destruction en novembre par la Turquie d'un bombardier russe au-dessus de la frontière turco-syrienne.

Vladimir Poutine a été l'un des premiers responsables étrangers de premier plan à appeler au téléphone M. Erdogan après le putsch manqué du 15 juillet.

Le 19 août, le chef de la diplomatie turque effectue une visite en Iran --soutien du régime syrien--, une semaine après celle du son homologue iranien à Ankara.

Le lendemain, le Premier ministre turc affirme que la Turquie souhaite être "plus active" dans les six mois. "Que nous l'aimions ou pas, Assad est aujourd'hui l'un des acteurs" de la guerre.

- 'Bouclier de l'Euphrate' -

Le 24 août, la Turquie lance une opération militaire en Syrie baptisée "Bouclier de l'Euphrate", visant officiellement, à la fois les milices kurdes et les jihadistes de l'EI. Des centaines de rebelles syriens, soutenus par les chars et l'aviation turcs, prennent en quelques heures la localité frontalière de Jarablos aux jihadistes.

La Turquie, dont l'opération intervient quelques jours après un attentat attribué à l'EI à Gaziantep dans le sud-est (54 civils tués), a formellement démenti concentrer ses opérations contre les Kurdes syriens.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.