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La Turquie envoie de nouveaux chars dans le nord de la Syrie


Samedi 27 août 2016 à 13h38

Karkamis (Turquie), 27 août 2016 (AFP) — L'armée turque a envoyé samedi de nouveaux chars en territoire syrien dans le cadre d'une offensive militaire sans précédent qui a permis aux rebelles soutenus par Ankara de reprendre la ville de Jarablos aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Ces renforts interviennent au lendemain de l'annonce par Washington et Moscou -- qui soutiennent des camps opposés en Syrie-- de progrès pour parvenir à un cessez-le-feu, mais les modalités d'un accord définitif doivent encore être définies.

Samedi matin, six chars turcs sont entrés en territoire syrien, a constaté un photographe de l'AFP dans le village de Karkamis, à la frontière turque.

Le photographe a affirmé avoir entendu des explosions sporadiques alors que les rebelles soutenus par Ankara s'affairaient à désamorcer les engins explosifs laissés par les combattants de l'EI à Jarablos.

L'agence progouvernementale Anadolu a confirmé que les rebelles détruisaient des explosifs, précisant que 20 engins avaient été neutralisés sur la seule journée de vendredi.

La Turquie a lancé mercredi l'opération "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie visant à la fois à chasser l'EI de la zone et à contrer l'avancée des milices kurdes, une nouvelle étape dans ce conflit déjà complexe qui a fait plus de 290.000 morts depuis son déclenchement en 2011.

Après trois jours d'opération, la Turquie maintient désormais 50 chars et 380 soldats en Syrie, selon le quotidien Hurriyet.

Pour Ankara, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, cette opération vise entre autres à empêcher les Kurdes syriens de former une ceinture continue le long de sa frontière, qui menacerait directement la sécurité du pays.

Les forces de sécurité turques subissent des attaques quasi-quotidiennes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara. Vendredi, au moins 11 policiers ont été tués dans un attentat à Cizre (sud-est), près de la frontière syrienne.

- 'Clarifier la voie' -

Sur le front diplomatique, les Etats-Unis et la Russie ont annoncé vendredi à Genève avoir progressé pour parvenir à un cessez-le-feu, alors que les combats continuent de faire rage dans le pays.

"Nous sommes parvenus à clarifier la voie menant" à une cessation des combats, a affirmé le secrétaire d'Etat américain John Kerry à l'issue d'une réunion marathon d'une douzaine d'heures avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Moscou et Washington ont l'EI comme ennemi commun, mais la Russie soutient politiquement et militairement le régime de Damas, tandis que les Etats-Unis appuient l'opposition syrienne qui réclame le départ du président Bachar al-Assad.

L'un des principaux points de désaccord entre les deux pays concerne Alep, deuxième ville de Syrie, où 1,5 million de personnes sont prises au piège des rebelles et des forces gouvernementales syriennes depuis la mi-juillet.

Lors d'une conversation téléphonique vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine se sont mis d'accord pour accélérer l'aide humanitaire dans la province d'Alep.

Sur le terrain, les premiers groupes de rebelles syriens et leurs familles évacués de la ville de Daraya, près de Damas, ont atteint samedi les zones tenues par l'opposition, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La veille, ils avaient dû quitter, souvent en larmes, ce berceau de la révolte contre le régime syrien, après un accord grâce auquel le régime a obtenu l'évacuation totale des habitants et insurgés qui lui tenaient tête depuis quatre ans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.