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La Turquie cible le PKK sur son sol et l'EI en Syrie


Dimanche 4 septembre 2016 à 16h29

Ankara, 4 sept 2016 (AFP) — L'armée turque a intensifié ce week-end ses opérations contre les rebelles kurdes en bombardant dix positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans l'est de la Turquie, au moment où Ankara poursuivait ses opérations en Syrie voisine.

Ces nouvelles frappes interviennent quelques heures après la mort de 22 soldats turcs et d'un vigile dans des affrontements avec le mouvement indépendantiste kurde dans la même région orientale.

Les avions turcs ont détruit quatre positions du PKK près de Cukurca, dans la province de Hakkari (sud-est) près de la frontière irakienne, a indiqué l'agence progouvernementale Anatolie, citant des sources de sécurité.

Six autres positions du PKK ont été bombardées dans la nuit de samedi à dimanche dans la région du Mont Tendurek, entre les provinces de Agri et Van (est), a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué, l'armée a indiqué avoir "neutralisé" 100 militants du PKK lors d'affrontements avec ses forces samedi, sans préciser combien de ces hommes avaient été tués ou blessés. Selon l'agence Dogan, la plupart des rebelles kurdes se sont retranchés dans le nord de l'Irak, où sont situées les bases arrières du PKK.

Le PKK, considéré comme une organisation "terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, mène régulièrement des attaques contre les forces de sécurité turques qui ont fait des dizaines de morts depuis qu'un cessez-le-feu entre rebelles et forces turques a pris fin en 2015.

Plus de 40.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en 1984.

Lors d'un discours à Diyarbakir (sud) dimanche, le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé un investissement de 12 milliards de livres turques (3,6 milliards d'euros) pour les régions du sud du pays endommagées par les récentes vagues de violences, dont 1,9 milliard pour le quartier de Sur à Diyarbakir, particulièrement touché.

- Appel à la 'solidarité' -

La Turquie a récemment intensifié sa lutte contre les combattants kurdes, en lançant le 24 août l'opération militaire "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie, visant à la fois le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les milices liées au PYD (Parti de l'union démocratique), considéré par Ankara comme la branche syrienne du PKK.

Dimanche, en marge du sommet du G20 en Chine, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé les pays de l'Otan - dont la Turquie est membre - à partager une position commune sur toutes les organisations "terroristes".

"Il n'y a pas de bon ou de mauvais terroriste. Toutes les formes de terrorisme sont mauvaises, toutes sont un fléau et nous devons nous dresser contre elles", a-t-il déclaré après une rencontre avec son homologue américain Barack Obama.

M. Erdogan a également souligné la nécessité d'éviter la formation d'une zone autonome continue le long de la frontière turco-syrienne par les milices kurdes.

"Pour éviter ce couloir de la terreur, les forces de la coalition doivent se montrer solidaires de la Turquie dans cette lutte. Je crois que nous remporterons ce combat", a affirmé le président turc, ajoutant que la lutte d'Ankara contre l'EI, le PKK et les YPG (Unités de protection du peuple kurde, branche armée du PYD) en Syrie se poursuivrait.

- Opérations anti-EI -

Toutefois, aucun affrontement entre forces turques et pro-kurdes n'a été signalé sur le sol syrien depuis au moins 48 heures, l'armée turque concentrant ses efforts sur l'EI.

Après avoir ouvert samedi un nouveau front chez son voisin en envoyant des chars dans le village syrien d'Al-Raï, l'armée turque a bombardé dans la nuit de samedi à dimanche quatre cibles de l'EI, selon un communiqué diffusé par des agences progouvernementales.

Une cible du groupe ultraradical sunnite a été détruite près du village d'Al-Raï, tandis que trois autres positions ont été bombardées près de la localité de Jarablos, récemment reprise à l'EI par des rebelles pro-Ankara.

Dimanche, les combats contre l'EI se poursuivaient au sud d'Al-Raï, selon la télévision turque NTV.

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a affirmé à l'AFP que l'EI continuait de reculer.

Après l'avancée des rebelles pro-turcs, "il reste désormais 16 km à l'EI dans la zone frontalière. Quand ils (les jihadistes) les perdront, ils perdront leur seul lien entre les zones qu'ils contrôlent et le monde extérieur".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.