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La fuite de combattants de l'EI de Raqa "extrêmement grave" (Ankara)


Mercredi 15 novembre 2017 à 10h08

Ankara, 15 nov 2017 (AFP) — La Turquie a déploré un accord qui aurait permis à des jihadistes de quitter la ville syrienne de Raqa, estimant qu'il montrait le bien-fondé de ses mises en garde à Washington contre sa collaboration avec les milices kurdes.

Juste avant la chute de Raqa, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait fait la capitale de son "califat", un convoi présenté comme transportant plus de 3.000 civils avait quitté la ville le 14 octobre, à la faveur d'un accord négocié avec le "Conseil civil", une administration locale mise en place par les combattants antijihadistes kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par la coalition internationale.

La coalition avait alors affirmé avoir reçu l'assurance des FDS que les combattants étrangers de l'EI ne pourraient pas quitter la ville.

Mais dans un reportage publié lundi, la BBC a rapporté les propos de plusieurs chauffeurs des véhicules du convoi, qui ont raconté avoir transporté plusieurs centaines de combattants lourdement armés, notamment des étrangers. Selon la BBC, plusieurs d'entre eux auraient réussi à passer en Turquie pour y préparer des attentats en Europe.

Les milices kurdes YPG qu'Ankara considère comme une "organisation terroriste" sont la principale composante des FDS.

"La révélation selon laquelle les soi-disant +Forces démocratiques syriennes+ ont conclu un accord avec l'organisation terroriste Daech (acronyme arabe de l'EI) pour évacuer un grand nombre de ses terroristes de Raqa est extrêmement grave et édifiante", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué publié tard mardi.

Il a affirmé que cet accord démontrait la pertinence des mises en garde répétées d'Ankara à Washington contre sa collaboration avec les YPG contre l'EI.

"Cet accord est un nouvel exemple que combattre une organisation terroriste en s'aidant d'une autre se traduira par une collusion entre ces deux organisations", a écrit le ministère.

Interrogé mardi au sujet de cet accord, le porte-parole de la coalition, le colonel Ryan Dillon, a reconnu que "sur les 3.500 civils qui ont quitté Raqa à ce moment-là, moins de 300 ont été identifié comme de possibles combattants de l'EI".

La Turquie a été à plusieurs reprises la cible d'attentats sanglants attribués ou revendiqués par l'EI. Le dernier en date a fait 39 morts la nuit du Nouvel An dans une discothèque huppée d'Istanbul.

Depuis, les autorités multiplient les opérations contre des cellules de l'EI à travers le pays. Ainsi, selon un décompte du ministère de l'Intérieur, 438 personnes soupçonnées de liens avec l'EI, dont de nombreux étrangers, on été arrêtées depuis le début du mois. Environ 450 avaient été arrêtées en octobre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.