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La Belgique va rapatrier de Syrie six orphelins de jihadistes


Jeudi 13 juin 2019 à 16h25

Bruxelles, 13 juin 2019 (AFP) — La Belgique va rapatrier depuis des camps sous contrôle kurde en Syrie six enfants et adolescents belges de jihadistes désormais orphelins, a annoncé jeudi le ministre belge des Finances et de la Coopération au développement, Alexander De Croo.

C'est la première fois que l'Etat belge organise un tel rapatriement.

Depuis 2017, le gouvernement assurait être prêt à "faciliter" le retour des enfants de moins de dix ans dont la filiation belge était prouvée.

Mais fin 2018 il avait contesté une décision de justice lui ordonnant de tout mettre en oeuvre pour faire revenir six enfants (tous âgés de moins de six ans) avec leurs deux mères.

Et jusque là, les retours d'enfants, au compte-gouttes, ne se faisaient que grâce à des initiatives isolées des familles.

La décision de rapatrier six enfants et adolescents, tous orphelins "sans aucun soutien" dans le nord-est syrien, a été prise mercredi lors d'un conseil des ministres restreint à Bruxelles, a précisé Alexander De Croo à la radio publique flamande.

Après cette réunion, le chef de la diplomatie belge Didier Reynders avait annoncé la signature d'un accord de principe avec les autorités du Kurdistan irakien, portant sur la possibilité de faire transiter ces enfants par la frontière avec l'Irak et la ville d'Erbil.

Ces retours s'appuient sur les efforts d'une mission humanitaire belge --conduite sur place notamment par l'association Child Focus et le Délégué général aux droits de l'enfant-- pour identifier les enfants les plus en danger.

Le retour prévu en Belgique dans les heures ou les jours à venir concerne quatre garçons et deux filles, âgés de 6 à 18 ans, selon la chaîne francophone RTBF.

"Ce sont des enfants qui sont nés dans notre pays et qui aujourd'hui n'ont plus de parents", a dit M. De Croo, soulignant que la France, les Pays-Bas ou la Norvège avaient pris récemment des décisions similaires.

"Ils sont seuls dans ces camps, (...) n'ont plus aucun soutien. Il n'est pas question de reprendre les parents qui ont choisi de faire partie de groupes terroristes. Mais ces enfants n'ont pas fait de choix", a justifié le ministre.

Selon des sources concordantes, il y aurait encore entre 50 et 60 mineurs belges (moins de 18 ans) dans les trois camps kurdes de Al-Hol, Roj et Aïn Issa, en Syrie.

La Belgique est un des pays européens ayant fourni les plus gros contingents de combattants étrangers dans les rangs jihadistes contre le régime Assad.

Les autorités ont recensé plus de 400 départs d'adultes belges depuis 2012, dont environ 150 étaient considérés comme étant encore "actifs sur place" fin 2018.

"C'est un grand soulagement (...) je suis ravi", a réagi jeudi le Délégué général aux droits de l'enfant Bernard De Vos, interrogé en Syrie par la RTBF.

"Maintenant on a encore beaucoup d'enfants qui sont là avec leurs mères (...) C'est important que les mères puissent rentrer avec les enfants", a-t-il ajouté, parlant des conséquences "catastrophiques" qu'aurait la rupture du lien mère-enfant.

Fin mars, la directrice générale de Child Focus, Heidi De Pauw, avait tiré la sonnette d'alarme sur la situation extrêmement précaire des enfants hébergés dans les trois camps kurdes, évoquant plusieurs décès notamment dus à la malnutrition.

La situation humanitaire dans ces camps, notamment celui d'Al-Hol, s'est aggravée depuis l'arrivée de nombreuses familles amenées de Baghouz (est), le dernier réduit du groupe Etat islamique reconquis le 23 mars par l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.