Vendredi 11 decembre 2009 à 23h53
BRUXELLES, 11 déc 2009 (AFP) — L'Union européenne s'est déclarée vendredi "préoccupée" par la décision de la Cour constitutionnelle turque de dissoudre le principal parti pro-kurde du pays, une décision qui a été immédiatement suivie de manifestations de colère dans la communauté kurde, dans le sud-est du pays et à Istanbul.
"L'UE est préoccupée par cette décision" prise par un pays qui négocie son adhésion, a annoncé la présidence suédoise de l'UE dans un communiqué.
"La dissolution d'un parti politique est une mesure exceptionnelle qui doit être décidée avec précaution", a ajouté la présidence suédoise.
"L'Union européenne appelle la Turquie, pays qui négocie son adhésion (à l'UE), a prendre les mesures constitutionnelles pour mettre sa législation sur les partis politiques en conformité avec les règles européennes", conclut la présidence suédoise.
La décision de la Cour constitutionnelle turque risque de compliquer grandement la tâche du gouvernement, qui vient de tendre la main à la communauté kurde pour tenter de mettre fin à 25 ans de conflit.
Le Parti pour une société démocratique (DTP) a été dissout car il était devenu un "foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible", a déclaré à la presse le président de la Cour Hasim Kiliç, au terme de quatre jours de délibérations.
La décision a été prise à l'unanimité des 11 juges, alors qu'une majorité qualifiée de sept voix était requise pour prononcer la dissolution, a indiqué M. Kiliç, ajoutant que 37 des cadres du parti, dont son président Ahmet Türk et la députée Aysel Tugluk, sont bannis de la vie politique pour une durée de cinq ans.
Le juge a également annoncé la levée de l'immunité parlementaire dont bénéficiaient M. Türk et Mme Tugluk et la confiscation par le Trésor des biens du parti.
Le DTP dispose de 21 sièges au Parlement (sur 550). Ses dirigeants avaient prévenu avant le verdict que les députés quitteraient le Parlement plutôt que de siéger comme parlementaires sans étiquette.
La décision fait suite à une procédure lancée en 2007 par le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya, qui accuse le DTP d'obéir aux "directives" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays.
Le verdict de la Cour intervient alors que le gouvernement vient de tendre la main à la communauté kurde en proposant une série de mesures renforçant ses droits, pour tenter de tarir le soutien des Kurdes au PKK et mettre fin au conflit.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.