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Kurdistan irakien: des enfants torturés pour avouer des liens avec l'EI


Mardi 8 janvier 2019 à 14h43

Bagdad, 8 jan 2019 (AFP) — Les forces de sécurité du Kurdistan irakien torturent des mineurs pour qu'ils avouent appartenir au groupe Etat islamique (EI), accuse mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW), se basant sur des témoignages de garçons rencontrés dans un centre de détention.

Un conseiller pour les affaires internationales du gouvernement du Kurdistan, Dindar Zebari, a rejeté ces accusations, affirmant que HRW "n'a jamais visité" ce centre.

Seize garçons âgés de 14 à 17 ans et condamnés ou suspectés d'appartenance à l'EI ont rapporté à HRW avoir subi "des coups" ou "des chocs électriques en détention" en 2017 et 2018, selon un communiqué de l'organisation.

"La plupart ont indiqué qu'ils n'avaient pas eu accès à un avocat et qu'ils avaient été forcés de signer des aveux rédigés par (les forces de sécurité kurdes) sans avoir été autorisés à les lire", indique encore HRW.

"Près de deux ans après que le gouvernement régional du Kurdistan a promis d'enquêter sur la torture d'enfants détenus, ceci arrive encore", a déploré Jo Becker, chargé des droits de l'enfant à HRW.

"Les autorités kurdes doivent immédiatement mettre fin à la torture des enfants détenus et enquêter sur les responsables".

HRW affirme que 63 enfants se trouvaient dans un centre de détention visité par l'ONG en novembre à Erbil. C'est lors de cette visite que plusieurs garçons ont été interrogés. D'autres l'ont été une fois sortis.

"Je leur ai dit que je n'étais pas membre de l'EI mais ils m'ont répondu: +non, tu dois le dire+", poursuit-il. "Au bout de deux heures d'interrogatoire et de torture, il a accepté", affirme le communiqué de l'ONG.

Sur 23 garçons interrogés par HRW, quatre ont dit avoir été menacés de torture et seize autres "frappés partout sur le corps avec des tuyaux en plastique, des câbles électriques et des tiges de fer".

Certains ont affirmé avoir subi ces tortures plusieurs jours consécutifs jusqu'à ce qu'ils fassent des aveux.

Au moins cinq ont affirmé à un juge avoir subi des tortures, mais "les juges ont apparemment ignoré leurs déclarations", accuse encore HRW.

M. Zebari a rejeté de telles allégations.

"Personne ne peut être arrêté sans décision de justice et toute personne arrêtée est traitée conformément à la loi", a-t-il dit à l'AFP, affirmant que le Kurdistan refusait le recours à la torture.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.