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Irak: vaste offensive kurde contre l'EI pour reprendre la ville clé de Sinjar


Jeudi 12 novembre 2015 à 10h51

Mount Sinjar (Iraq), 12 nov 2015 (AFP) — Les forces kurdes irakiennes, soutenues par l'aviation de la coalition internationale, ont lancé jeudi une offensive contre le groupe Etat islamique (EI) pour reprendre Sinjar, une ville située sur un axe stratégique des jihadistes reliant l'Irak et la Syrie.

Couper cette route, qui permet à l'EI de faire circuler matériel et hommes entre les deux pays voisins où le groupe contrôle de vastes territoires, constituerait ainsi un coup majeur porté aux jihadistes.

La reprise de Sinjar, où l'EI s'est livré à de multiples exactions contre sa population yazidie, des Kurdophones, représenterait également une importante victoire sur le plan symbolique.

"L'attaque a commencé à 07H00 du matin et les combattants peshmergas ont avancé sur plusieurs axes pour libérer le centre du district de Sinjar", a déclaré le général Ezzedine Saadoun à l'AFP.

Des colonnes de fumée se sont élevées dans le ciel après les bombardements des forces kurdes et des frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis contre les positions des jihadistes à Sinjar, selon un journaliste de l'AFP.

Les forces kurdes ont déjà réussi à reprendre de nombreux villages au nord de Sinjar, a affirmé le général Hashem Seetayi des peshmergas.

La coalition avait mené mardi six frappes dans le secteur de Sinjar et cinq de l'autre côté de la frontière, dans la région d'al-Hol, où les Forces démocratiques syriennes, une alliance soutenue par Washington, combat l'EI.

- 'Etape cruciale' -

Le conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan a indiqué que jusqu'à 7.500 combattants kurdes prendraient part à l'opération destinée à reprendre Sinjar et "établir une zone tampon pour protéger (la ville) et ses habitants". "Les avions de la coalition fourniront un soutien aérien étroit aux forces peshmergas dans cette opération", a-t-il ajouté.

Un officier des renseignements militaires américains, le capitaine Chance McCraw, a estimé à Bagdad qu'elles allaient être opposées à 300 à 400 jihadistes et devraient faire face aux nombreux engins piégés placés dans la ville.

Sinjar, située à une cinquantaine de km de la frontière syrienne et non loin du Kurdistan irakien, se trouve sur une route stratégique reliant Mossoul (nord), le fief des jihadistes en Irak, et les territoires contrôlés par l'EI en Syrie.

"En prenant Sinjar, nous serons en mesure de couper cette ligne de communication ce qui, nous croyons, affectera la capacité (de l'EI) à se ré-approvisionner", a déclaré le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition. Et cela représentera "une première étape cruciale dans l'éventuelle libération de Mossoul", selon lui.

L'EI s'est emparé depuis 2014 de larges pans de territoires au nord et à l'ouest de Bagdad, mettant en déroute les forces irakiennes qui, fortes de l'appui de la coalition, tentent aujourd'hui de reprendre le dessus.

- L'EI 'paralysé' -

L'opération à Sinjar intervient par ailleurs au moment où l'EI est sous pression en Syrie, où la Russie a lancé des raids aériens en soutien au président Bachar al-Assad.

L'opération à Sinjar "paralyse l'ennemi" qui "doit prendre maintenant des décisions très difficiles" sur les fronts qu'il doit renforcer, a estimé Steve Warren.

Lors de son offensive en août 2014 sur Sinjar, l'EI avait exécuté de nombreux hommes yazidis, une communauté qu'il considère comme hérétique, et enlevé des centaines de femmes, vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l'état d'esclave sexuelle, selon Amnesty International. L'assaut avait été décrit par l'ONU comme "une tentative de génocide".

Des dizaines de milliers d'autres Yazidis s'étaient réfugiés sur les Monts Sinjar, y restant pendant des semaines sans eau, ni nourriture et par des températures très élevées.

Cette attaque avait été l'un des principaux arguments avancés par les Etats-Unis pour envoyer des avions bombarder l'EI en Irak.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.