Jeudi 24 mars 2011 à 15h01
ERBIL (Irak), 24 mars 2011 (AFP) — Le Kurdistan irakien va se doter de plusieurs dizaines de barrages pour développer son secteur agricole et faire face aux épisodes de sécheresse, un projet qui pourrait aviver les tensions régionales relatives à la gestion de l'eau, a-t-on appris jeudi.
"Onze barrages avec des réservoirs d'une capacité d'un à dix millions de mètres cubes sont actuellement en construction et des études ont été faites pour en construire 28 autres", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Agriculture et des Ressources hydriques de la région autonome du nord de l'Irak, Jamil Souleimane.
"Ces barrages visent à développer le secteur agricole et à faire des réserves d'eau car l'Irak a ces dernières années été frappé par la sécheresse", a-t-il indiqué.
Deux des barrages en construction se trouvent dans la province de Dohouk, quatre dans celle d'Erbil et cinq dans celle de Souleimaniyeh, a-t-il précisé.
La gestion de l'eau des deux grands fleuves qui arrosent l'Irak -le Tigre et l'Euphrate- sont l'objet d'une dispute entre Bagdad, la Syrie et la Turquie, d'autant que les pluies se font de plus en plus rares en Irak, selon un rapport de l'ONU d'octobre 2010 qui notait qu'en 2009, les précipitations avaient été inférieures de 50% à la moyenne.
Les barrages érigés par les voisins de l'Irak ont en outre considérablement réduit les quantités d'eau disponibles dans le pays, qui a été jusqu'à la fin des années 1950 un grenier à blé pour le monde arabe.
De nombreux agriculteurs d'origine arabe de la province multiethnique de Kirkouk, frontalière du Kurdistan, avaient par ailleurs accusé en janvier les Kurdes de les ruiner en fermant les vannes du barrage de Doukan, l'un des plus grands de la région autonome.
M. Souleimane a indiqué que les barrages en construction étaient érigés sur des cours d'eau de faible débit et qu'il ne s'agissait pas de gros barrages sur le Tigre ou ses principaux affluents, le Grand Zab et le Petit Zab.
"Pour ce qui est des grands barrages, nous devons trouver un accord avec le gouvernement de Bagdad car ils s'inscrivent dans le cadre d'un plan stratégique du gouvernement fédéral en Irak", a-t-il dit.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.