Dimanche 8 avril 2012 à 15h49
DUBAI, 8 avr 2012 (AFP) — Le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani a accusé le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki de monopoliser le pouvoir et de préparer un retour à la dictature, dans un entretien publié dimanche par le journal panarabe Al-Hayat.
"L'Irak s'oriente vers une catastrophe, un retour à la dictature", a déclaré M. Barzani, qualifiant d'"inacceptable" le monopole du pouvoir par M. Maliki qui est à la fois Premier ministre, "ministre de la Défense, ministre de l'Intérieur, chef des renseignements et commandant en chef des forces armées".
Le dirigeant kurde, qui a été reçu mercredi à la Maison blanche, a ajouté qu'il devait appeler à son retour à Erbil à une réunion de "tous" les dirigeants irakiens pour "sauver l'Irak", engagé dans une crise politique accentuée par le mandat d'arrêt lancé en décembre contre le vice-président Tarek al-Hachémi, un sunnite, accusé de diriger un gang de tueurs.
La réunion doit parvenir à "des solutions radicales (...), suivant un calendrier précis pour sortir de la crise", a-t-il ajouté, avertissant que si une telle réunion ne pouvait se tenir, "nous prendrons une autre décision", faisant allusion à une possible scission du Kurdistan.
"Il ne s'agit pas là d'un chantage ou d'une menace. Je suis sérieux, je reviendrai au peuple kurde pour le sonder par référendum", a-t-il dit.
"Quel que soit le prix à payer, nous n'accepterons jamais un retour de la dictature en Irak", a-t-il ajouté, faisant allusion au régime de Saddam Hussein, très décrié par les Kurdes irakiens.
Il a en outre affirmé son refus de livrer Tarek al-Hachémi, en tournée régionale après s'être réfugié au Kurdistan. "Je ne lui demanderai pas de quitter le Kurdistan. Je ne l'arrêterai pas et je ne refuse pas son retour au Kurdistan s'il décide d'y revenir", a-t-il dit à Al-Hayat.
Réagissant à ces propos, le conseiller de M. Maliki, Ali Moussawi, a estimé que les remarques de M. Massoud Barzani sur la concentration des pouvoirs de M. Maliki représentent "une escalade incompréhensible qui est rejetée par les Irakiens".
"Beaucoup de dirigeants kurdes nous ont appelés pour nous dire qu'ils rejetaient cette escalade", a-t-il dit à l'AFP.
Les tensions sont vives entre le bloc laïque Iraqiya, auquel appartient M. Hachémi, et les Kurdes d'une part, et M. Maliki, un chiite, de l'autre, au sujet notamment de la répartition des richesses pétrolières.
Interrogé par ailleurs sur le contrat pétrolier passé par les dirigeants kurdes avec le groupe américain ExxonMobil, considéré par Bagdad comme nul et non avenu, M. Barzani a confirmé le maintien du contrat après un entretien avec le chef d'ExxonMobil à Washington.
"J'ai rencontré le président de cette compagnie, laquelle est engagée par l'accord passé avec nous", a-t-il dit, jugeant "infondées les rumeurs sur une annulation du contrat, sous la menace du gouvernement irakien".
ExxonMobil avait signé à la mi-octobre un accord d'exploration pétrolière avec la région autonome du Kurdistan irakien, s'attirant les foudres du gouvernement central irakien.
Le gouvernement de Bagdad ne reconnaît que les accords signés avec le ministère du Pétrole, et a jusqu'à présent interdit à toute compagnie pétrolière ayant un contrat avec le Kurdistan de participer à des appels d'offres dans le reste du pays.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.