Page Précédente

Irak: le budget 2018 approuvé, la part du Kurdistan amputée


Samedi 3 mars 2018 à 15h00

Bagdad, 3 mars 2018 (AFP) — Les députés irakiens ont approuvé samedi le budget 2018 en l'absence des députés kurdes qui boycottaient la séance pour protester contre la réduction sérieuse de la part accordée à leur gouvernement autonome.

Les recettes s'élèvent à 77,5 milliards de dollars, basées sur des exportations de pétrole de 3,9 millions de baril/jour, incluant les 250.000 b/j produit au Kurdistan, au prix moyen estimé de 46 dollars. Actuellement, le prix du baril est de 61 dollars.

Le déficit se monte à 10,6 milliards de dollars. Les investissements s'élèvent à 20,8 milliards de dollars.

Mais la principale nouveauté est la réduction de la part accordée à la région autonome kurde, dans le nord du pays.

Cette part passe de 17% à 12,6% du budget. Selon l'article 9 de la Constitution, elle est désormais "basée sur la population dans chaque province", alors qu'avant elle avait été fixée unilatéralement par le gouvernement dirigé par l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki afin de s'attirer les bonnes grâces des Kurdes.

Par ailleurs, indique la loi budgétaire, "le gouvernement autonome du Kurdistan doit exporter 250.000 b/j des champs pétroliers se trouvant sur son territoire par le biais de la Somo (l'agence étatique chargée de la commercialisation du pétrole irakien) et l'argent doit être versé au budget fédéral".

"Si le Kurdistan ne le verse pas, le ministère des Finances le retranchera du budget qui lui est alloué", est-il ajouté.

Le gouvernement fédéral et Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, s'opposent depuis des années sur les recettes pétrolières alors que les forces kurdes s'étaient emparés d'importants champs pétroliers dans des zones disputées depuis lesquelles ils exportaient du pétrole.

Cette réduction du financement de la région autonome est une nouvelle conséquence du référendum d'indépendance organisé fin septembre par Erbil et rejeté par Bagdad.

Le Premier ministre Haider al-Abadi avait envoyé en octobre ses troupes reprendre tous les territoires dont s'étaient emparés les Kurdes qui avaient notamment profité du chaos ayant suivi en 2014 l'offensive du groupe Etat islamique (EI).

Le président du Parlement Salim al-Joubouri a en outre estimé que "le budget a réglé le contentieux des salaires des fonctionnaires du Kurdistan ainsi que des peshmegas (combattants kurdes)", qui seront à nouveau payés par le gouvernement.

Les salaires n'étaient plus payés depuis des mois car le gouvernement exigeait un audit sur le nombre réel de fonctionnaires employés au Kurdistan.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.