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Irak: la crise depuis le référendum kurde


Mercredi 25 octobre 2017 à 10h49

Erbil (Irak), 25 oct 2017 (AFP) — Le Kurdistan irakien, en pleine crise politique et économique, a proposé mercredi à Bagdad de geler les résultats de son référendum d'indépendance du 25 septembre, loin de l'enthousiasme qu'avait suscité ce scrutin dans la région autonome il y a un mois.

- Vote historique -

- 25 sept: le "oui" l'emporte sans surprise avec près de 93% des voix au référendum d'indépendance, organisé malgré l'opposition de Bagdad, la pression des pays voisins et les critiques internationales.

Le scrutin s'est tenu non seulement au Kurdistan, qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones disputées, comme la région pétrolière de Kirkouk.

- Ultimatum et premières sanctions -

- 26 sept: le Premier ministre Haider al-Abadi annonce que Bagdad interdira "les vols internationaux depuis et vers le Kurdistan dans trois jours si les aéroports ne sont pas remis au gouvernement central".

Le président kurde Massoud Barzani appelle Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue", assurant la communauté internationale que le référendum ne vise pas à "délimiter la frontière (avec l'Irak) ni à l'imposer de facto".

- 27 sept: M. al-Abadi affirme que ce référendum doit "être annulé" et un dialogue ouvert.

Les députés votent en faveur de la fermeture des postes-frontières hors de l'autorité de l'Etat. Ils demandent au Premier ministre de "prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir l'unité de l'Irak" et réitèrent leur exigence d'un envoi des forces de sécurité dans les zones disputées.

Le lendemain, le gouvernement du Kurdistan autonome dénonce une "punition collective".

- 29 sept: les liaisons aériennes --hors vols humanitaires, militaires ou diplomatiques-- entre le Kurdistan irakien et l'étranger sont coupées sur ordre de Bagdad. "Pas une punition mais une mesure légale", avance Haider al-Abadi.

Les Etats-Unis affirment qu'ils "ne reconnaissent pas" le référendum et appellent au dialogue et à la retenue.

- 30 sept: l'Iran gèle les échanges de produits pétroliers.

- 1er oct: une "direction politique du Kurdistan" remplace le Haut conseil du référendum. Présidé comme le précédent par Massoud Barzani, elle est chargée de "gérer les conséquences du scrutin".

- Offensive de Bagdad sur Kirkouk -

- 10 oct: les autorités irakiennes décident de réhabiliter un oléoduc sous leur contrôle reliant la province de Kirkouk au port turc de Ceyhan.

- 11 oct: un tribunal de Bagdad demande l'arrestation des organisateurs du référendum.

- 13 oct: les forces gouvernementales lancent des opérations militaires dans la province de Kirkouk et reprennent des premières positions tenues depuis trois ans par les combattants kurdes.

- 15 oct: les autorités kurdes ignorent les exigences de Bagdad sur le retrait des peshmergas de Kirkouk et l'annulation du référendum.

Après expiration d'un ultimatum, l'armée irakienne progresse rapidement en direction des champs pétroliers de la province et reprend des routes et des infrastructures.

- 17 oct: cinq des six champs de la province de Kirkouk sont sous le contrôle des autorités de Bagdad, après le retrait des forces kurdes.

Massoud Barzani rejette implicitement la faute sur le parti rival, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), la plupart des peshmergas de l'UPK s'étant retirés après un accord avec Bagdad.

Le référendum et son résultat font "désormais partie du passé", clame Haider al-Abadi.

- 18 oct: les forces armées irakiennes affirment avoir atteint leurs objectifs dans la province de Kirkouk. Les combats limités ont fait une trentaine de morts, essentiellement dans les rangs kurdes, selon les protagonistes.

- Erbil cherche une sortie -

- 19 oct: les autorités kurdes se disent favorables à un dialogue avec Bagdad et demandent "la contribution de la communauté internationale".

- 20 oct: le dernier secteur de Kirkouk encore aux mains des peshmergas est repris par Bagdad.

- 22 oct: le principal parti kurde d'opposition Goran demande la démission de Massoud Barzani et du vice-président Kosrat Rassoul.

- 23 oct: Erbil délivre des mandats d'arrêt contre 11 personnalités irakiennes en réaction à des mesures similaires de Bagdad envers des dirigeants kurdes.

- 24 oct: le Parlement kurde vote le report de huit mois des législatives. Une nouvelle date devra aussi être fixée pour la présidentielle.

- 25 oct: le Kurdistan annonce qu'il est prêt à geler les résultats du référendum d'indépendance.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.