Lundi 25 janvier 2010 à 19h04
BAGDAD, 25 jan 2010 (AFP) — Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique", cousin et homme de main de Saddam Hussein, a été pendu lundi à Bagdad, une semaine après sa quatrième condamnation à mort pour le massacre de milliers de kurdes en 1988.
Cette exécution, qui intervient plus de trois ans après celle de l'ancien dictateur en décembre 2006, a provoqué la joie des habitants de la région autonome du Kurdistan (nord), qui le surnommaient le "boucher".
"Le condamné Ali Hassan al-Majid a été exécuté par pendaison jusqu'à la mort aujourd'hui conformément à la loi et la Constitution" en raison "des meurtres et du crime contre l'humanité commis", a annoncé le porte-parole du gouvernement Ali Dabbagh dans un communiqué.
Le porte-parole a assuré qu'il avait été procédé à l'exécution du condamné "sans aucun trouble, ni cris de joie ou paroles offensantes".
La télévision irakienne a diffusé deux images de l'exécution. Dans la première, on voit l'homme, cheveux et moustache gris, portant une tenue orange et un tee-shirt blanc, apparemment peu avant d'être pendu.
Dans la seconde image, quelques secondes avant d'être exécuté, deux bourreaux le visage masqué lui ont mis une cagoule sur la tête et passé la corde au coup.
Le 17 janvier, "Ali le chimique" avait pour la quatrième fois été condamné à mort, pour le massacre en 1988 de 5.000 Kurde. A l'annonce du verdict, il avait déclaré "al-hamdoulillah, al-hamdoulillah" (Dieu soit loué), qui furent ses derniers mots en public.
Cousin germain de Saddam Hussein, il avait été pendant plus de 35 ans son homme de main redouté, prêt à tout pour écraser la moindre velléité de révolte en Irak.
Agent de liaison militaire jusqu'au coup d'Etat qui porta en 1968 le parti Baas au pouvoir, il avait hérité du sobriquet infamant d'"Ali le Chimique" pour avoir ordonné en 1988 le bombardement au gaz de la ville kurde d'Halabja, tuant des milliers de personnes, femmes et enfants.
Peu après l'annonce de son exécution, de nombreux kurdes à Souleimaniyeh ont exprimé leur joie.
"Ali le Chimique mérite son sort. C'est un jour historique pour le peuple kurde et irakien", s'est félicité le ministre des Martyrs et des Déplacés du gouvernement autonome du Kurdistan, Majid Hamed Amin.
"La justice irakienne a fait son travail (...) et si Dieu veut, les autres connaîtront le même sort", a-t-il ajouté.
"Je suis très heureux de l'annonce de cette exécution et j'espère qu'ils vont continuer à exécuter tous les autres impliqués dans des crimes contre les kurdes", a indiqué de son côté Kamel Abdelkader, 24 ans, dont les sept frères et soeurs, et parents ont été tués à Halabja.
"Mon père est mort à cause des attaques chimiques et mon frère souffre toujours de blessures par balles. Je suis content de cette exécution", a poursuivi Fadel Rifaat, 27 ans.
Dans le sud, les chiites aussi exultaient. "Nous sommes désolés que cette exécution ait pris tant de temps. C'est une victoire pour tous les martyrs", a indiqué Latif al-Hamidi, porte-parole du conseil suprême islamique en Irak à Najaf, un des plus grands partis chiites qui fut réprimé par Saddam Hussein.
"C'est moi qui ai donné les ordres à l'armée de détruire des villages et de reloger les villageois. Je ne me défends pas. Je ne m'en excuse pas. Je n'ai pas commis d'erreur", avait-il dit, en parlant de la répression de la rébellion kurde, la campagne Anfal de 1987-1988, qui avait fait près de 180.000 morts.
Comme le président déchu, "Ali le Chimique" était originaire de la région de Tikrit (nord).
L'homme, qui était dévoué corps et âme à son cousin, a aussi supervisé l'occupation du Koweït, la "19e province" aux yeux du régime. D'août à novembre 1990, il fut le gouverneur sanguinaire de ce pays envahi par l'armée irakienne, avant de reprendre en février 1991 le poste de ministre des Affaires locales.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.