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Dans "Peshmerga", BHL montre "la vraie ligne de front contre le terrorisme"


Vendredi 20 mai 2016 à 19h55

Cannes, 20 mai 2016 (AFP) — Aux côtés d'une dizaine de combattants en uniforme, l'intellectuel français Bernard-Henri Lévy a présenté vendredi à Cannes son nouveau film, "Peshmerga", un plaidoyer pour les combattants kurdes en Irak, en guerre contre le groupe Etat islamique.

BHL, écrivain et philosophe, avait déjà tourné "Bosna!" (1994) dans Sarajevo assiégée et "Le Serment de Tobrouk" (2011) sur la Libye. Brocardé pour ce dernier film, dans lequel il se mettait en scène à de nombreuses reprises, il se fait cette fois plus discret, montrant d'âpres batailles et des images tournées avec des drones, au-delà des lignes ennemies.

QUESTION: Vous avez fait plusieurs aller-retours au Kurdistan, travaillé avec des caméramen, dont l'un a été grièvement blessé. Quelles étaient les conditions de tournage?

REPONSE: "Le film a été tourné au plus près des combattants, avec eux, et en ayant d'emblée la confiance des commandants peshmergas. L'accord de départ était celui-là: à partir du moment où nous commencions ce chemin, ils nous autorisaient à les accompagner dans leurs opérations.

Certaines n'étaient pas prévues, c'est eux qui étaient attaquées, d'autres étaient planifiées par eux. Ils nous alertaient, ils nous emmenaient et nous filmions en toute liberté."

Q: Pourquoi vouliez-vous montrer ce champ de bataille en particulier?

R: "Il est important de montrer cette histoire, car la clé du Bataclan, la clé de l'Hyper Cacher, de Charlie Hebdo, elle est là, dans ce lieu que nous avons filmé (derrière cette ligne de front, côté groupe Etat islamique, ndlr). C'est le centre nerveux, le centre de commandement, l'endroit d'où ça part.

Nous avons filmé les seuls femmes et hommes qui leur livrent vraiment la guerre, au corps à corps, au quotidien. Si vraiment nous vivons à l'ère de la terreur contre nous, la manière de gagner c'est d'encourager, d'appuyer, ces hommes que sont les peshmergas d'Irak et de Syrie."

Q: Ce film peut-il changer quelque chose?

R: "Même quand on sait, il reste à imaginer, à avoir une image de ce qu'on sait.

Il y a des gens en France, en Europe, en Amérique qui savent 1.000 fois plus que moi (quelle est la situation, ndlr), qui ont accès à tous les dossiers secrets. Mais moi, je voudrais qu'ils voient les images, qu'ils voient la solitude de cet homme, au début du film, qui a échappé à une mine, qui court et qui crie +Vive le Kurdistan!+.

J'aimerais qu'ils voient ces généraux qui décident d'une offensive capitale et qui en sont à compter sur les doigts d'une main le nombre d'armes lourdes dont ils vont pouvoir disposer, qu'ils voient aussi dans quel état sont les villes que les peshmergas libèrent. Dans la ville de Sinjar (nord de l'Irak), les peshmergas ont libéré des ruines, une ville dévastée.

Si on voit ça, je pense qu'on comprendra un peu mieux (que) la vraie ligne de front de la guerre contre le terrorisme, (...) la ligne où ça se joue, où ça se décide, elle est là."

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.