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Au moins 14 soldats tués dans un attentat-suicide dans le centre de la Turquie


Samedi 17 decembre 2016 à 20h04

Istanbul, 17 déc 2016 (AFP) — Au moins 14 soldats turcs ont été tués et des dizaines de personnes blessées dans un attentat-suicide attribué au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a visé samedi un bus transportant des militaires à Kayseri, dans le centre de la Turquie.

"Tous les éléments désignent pour le moment le PKK", a affirmé le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus sur la chaîne de télévision NTV. Il a déclaré que les composants utilisés pour l'attentat étaient similaires à ceux utilisés pour celui qui avait fait 44 morts à Istanbul il y a une semaine, revendiqué par un groupe considéré comme une émanation du PKK.

Le ministre de l'Intérieur, Suleyman Soylu, a fait état de 56 blessés, dont 6 graves. Le bilan des tués, qui était de 13 mort, est passé à 14 morts dans la soirée après le décès d'un soldat à l'hôpital, selon l'agence officielle Anadolu.

Les soldats et sous-officiers se rendaient au marché, a expliqué l'armée dans un communiqué. Parmi les victimes, beaucoup avaient à peine plus de 20 ans.

Quinze personnes ont été arrêtées samedi dans le cadre de l'enquête, a déclaré le procureur de Kayseri, Mustafa Arslanturk, cité par Anadolu.

"Les attentats terroristes visent, en plus de nos policiers et de nos militaires, nos 79 millions de concitoyens", a souligné le président Recep Tayyip Erdogan, dans une déclaration écrite envoyée aux médias.

"Nous combattrons sans relâche ces organisations terroristes, dans un esprit de mobilisation nationale", a ajouté M. Erdogan.

L'explosion s'est produite à 8H45 (5H45 GMT).

La bombe, placée dans une voiture, a été déclenchée par un kamikaze lors du passage du bus, a affirmé le Premier ministre, Binali Yildirim.

Des images télévisées ont montré le bus réduit en une épave fumante par l'impact de l'explosion.

- 'Malédiction' -

A la suite de cet attentat, les locaux du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) à Kayseri ont été saccagés par des dizaines de manifestants qui ont déployé au sommet de l'immeuble le drapeau rouge aux trois croissants des nationalistes turcs du MHP.

Kayseri, l'une des principales villes du centre du pays, est un centre industriel habituellement paisible.

La Turquie a subi depuis l'été 2015, avec la reprise du conflit kurde et les combats en Syrie voisine, une vague d'attentats attribués au groupe Etat islamique (EI) ou au PKK et ses émanations.

En juin, 47 personnes ont été tuées dans un triple attentat-suicide à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul, attribué à l'EI.

Dans le sud-est de la Turquie, à Gaziantep, 57 personnes ont été tuées en août lors d'un attentat-suicide au cours d'un mariage kurde, attribué à l'EI.

Le 10 octobre 2015, 103 personnes avaient été tuées dans un double attentat-suicide à Ankara lors d'un rassemblement prokurde. Cet attentat, le plus meurtrier commis en Turquie, a été attribué à l'EI.

Le double attentat du 11 décembre à Istanbul visait des policiers près du stade de football de l'équipe de Besiktas. Il a été revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical kurde lié au PKK.

La police a arrêté dans la foulée plus de 560 personnes soupçonnées de liens avec le PKK ou de diffuser sa propagande. Parmi elles, de nombreux membres du HDP.

Le PKK est classé "organisation terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, a répété, lors d'un appel téléphonique au ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, le soutien de l'UE à la Turquie dans la lutte contre le terrorisme, mais a souligné la nécessité du "plein respect de l'Etat de droit", selon ses services.

Le conflit avec les séparatistes kurdes en Turquie a repris l'été dernier après deux ans et demi de trêve. Il a fait plus de 40.000 morts depuis le début de la rébellion kurde, en 1984.

Le pays continue également de subir les conséquences du coup d'Etat manqué du 15 juillet, imputé au prédicateur islamique Fethullah Gulen, installé aux Etats-Unis et qui dément ces accusations.

Les autorités turques ont déclenché dans la foulée de vastes purges qui, allant au-delà de la chasse aux putschistes présumés, ont visé les milieux prokurdes et les médias.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.