Page Précédente

Après l'attentat d'Ankara, des milliers de prokurdes défilent en France contre la "politique de guerre" d'Erdogan


Dimanche 11 octobre 2015 à 19h59

Paris, 11 oct 2015 (AFP) — Plusieurs milliers de personnes, kurdes en majorité, ont manifesté dimanche en France, au lendemain de l'attentat meurtrier d'Ankara, pour dénoncer la "politique de guerre" du régime turc.

Le cortège le plus nombreux, rassemblant 3.000 personnes selon la police, a défilé dans le centre de Paris, entre la place de la République et Châtelet, où les manifestants ont scandé "Erdogan, assassin" et "Solution politique pour le Kurdistan".

Ils brandissaient un drapeau kurde géant, des bannières de différents mouvements politiques kurdes et des pancartes noires proclamant: "Les martyrs de la révolution ne meurent jamais" et "AKP + Daech = attentat Ankara".

L'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie, qui a visé samedi une manifestation de mouvements proches de la cause kurde, a fait au moins 95 morts. En l'absence de revendication, le gouvernement turc a évoqué trois auteurs possibles: les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe jihadiste État islamique (EI, ou Daech) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche.

Mais le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP) sont aussi accusés par certains d'être responsables de la montée des tensions, à l'approche des élections législatives du 1er novembre et alors que les affrontements font rage entre forces de sécurité turques et PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Une manifestation spontanée avait déjà réuni un millier de prokurdes samedi à Paris. Ils étaient plus nombreux dimanche, 3.000 selon la préfecture de police, sous le mot d'ordre "Non à la politique de guerre et de terreur de l'État turc".

"On vient démontrer notre solidarité avec les peuples qui souffrent en Turquie et au Moyen-Orient. C'est un attentat contre les forces progressistes, contre la paix, contre ceux qui veulent faire de la Turquie et du Moyen-Orient une région stable", a déclaré Yekbun Eksen, du Conseil démocratique kurde. "On dénonce aussi la politique d'Erdogan qui se sert de la haine et de la terreur comme bases de son pouvoir."

Firat, jeune militant de la Fédération des associations de travailleurs et de jeunes (DIDF), jugeait aussi que "le responsable, c'est Erdogan". "L'attentat a eu lieu à un kilomètre de la présidence de la République, il ne peut pas ne pas être impliqué", a-t-il accusé.

Le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, qui a pris la parole place de la République, après une minute de silence, a établi un "lien direct" entre l'attentat d'Ankara et les élections législatives turques. "Le régime tyrannique d'Erdogan mène la guerre contre son propre peuple. Cet attentat porte la marque du pouvoir et de la duplicité qu'il entretient depuis des mois avec les criminels de Daech", a-t-il dénoncé.

D'autres rassemblement ont eu lieu en province dimanche, notamment à Lyon, où 300 personnes selon la police ont scandé: "Daech assassin, Etat turc complice", devant le consulat turc, protégé par une rangée de CRS.

A Bordeaux, environ 300 manifestants se sont rassemblés sur le parvis du Grand Théâtre, brandissant des photos des victimes de l'attentat et des banderoles proclamant: "la Turquie massacre les civils kurdes!".

Quelques 150 personnes ont aussi défilé à Toulouse. Samedi, des manifestations organisées dans la foulée de l'attentat avaient également réuni des centaines de personnes à Marseille, Strasbourg et Rennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.